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Des Russes commémorent les victimes de Staline malgré la répression des opposants


Oleg Orlov, un responsable de Memorial, ce dimanche. (photo AFP)

Des Russes ont rendu hommage ce dimanche aux victimes de la terreur stalinienne, plus de 20 mois après le déclenchement de l’offensive russe en Ukraine qui s’est accompagnée d’une forte répression domestique des voix critiques.

La lecture des noms des personnes exécutées pendant la terreur entre 1936 et 1938 est organisée chaque année par l’ONG Memorial, colauréate du prix Nobel de la paix 2022 et dont la justice russe a ordonné la dissolution fin 2021, quelques semaines avant l’assaut contre l’Ukraine le 24 février 2022.

À Moscou, cette lecture est organisée traditionnellement près d’un monument aux victimes de la répréssion soviétique, situé en face de la Loubianka, le tristement célèbre siège de la police politique de Staline, du KGB soviétique et aujourd’hui du FSB, les services de sécurité russes.

Memorial a cependant annoncé que les autorités avaient interdit le rassemblement sur la Loubianka. Dimanche, le site était entouré de barrières métalliques avec une forte présence policière.

Oleg Orlov, un responsable de Memorial récemment condamné à une amende pour avoir dénoncé l’offensive contre l’Ukraine, était malgré tout présent sur place. Et plusieurs ambassadeurs occidentaux, y compris ceux de la France et des États-Unis, ont déposé des fleurs.

Humaniser les victimes

Bannie de la Loubianka, Memorial a donc organisé une lecture des noms en des endroits symboliques dans la capitale, tels que d’anciennes adresses de victimes de la répression, des cimetières et devant une prison. L’événement s’est aussi tenu dans d’autres villes russes comme Volgograd, l’ex-Stalingrad (Sud), ou encore à Novossibirsk en Sibérie ainsi qu’à l’étranger.

« Dmitri Kouzmitch Praguine, 34 ans. Directeur de l’usine de textile Noudolskaïa. Fusillé le 16 août 1937 à Moscou », a lu Oleg Orlov, parmi d’autres noms de victimes.

Fondée en 1989, Memorial documente les crimes de l’URSS et lutte en parallèle pour la défense des droits humains et des prisonniers politiques en Russie.

Le but de ces commémorations est de conserver la mémoire des victimes de la terreur stalinienne et de les humaniser. Les participants se voient donner des bouts de papier avec le nom d’une personne, tandis que d’autres lisent le nom de membres de leur famille.

Le Kremlin ne nie pas les répressions soviétiques mais les minimise, en les présentant comme une tragédie sans réel coupable. En parallèle, il glorifie bruyamment la puissance géopolitique et militaire de l’URSS.

Selon des historiens russes et occidentaux, la terreur stalinienne, qui a connu son apogée dans les années 1937-1938, a fait quelque 20 millions de morts en incluant les exécutions massives, les morts au Goulag et en déportation dans des zones insalubres, ainsi que la famine en Ukraine et dans plusieurs régions de Russie.