Un séisme a frappé la Fifa mercredi avec l’arrestation, à Zurich à la demande des autorités américaines, de six responsables soupçonnés de corruption, à deux jours de l’élection pour la présidence où Joseph Blatter briguera un 5e mandat.
Selon les autorités suisses, les six responsables interpellés sont soupçonnés d’avoir accepté des dessous de table d’un montant de plusieurs millions des dollars, des années 1990 à nos jours.
Le New York Times, qui a révélé l’affaire, a indiqué que des policiers suisses se sont présentés au petit matin dans le luxueux hôtel cinq étoiles Baur Au Lac du centre de Zurich, où sont logés les principaux dirigeants de la Fifa. Deux hommes non menottés ont été emmenés. Parmi eux, figurait Eduardo Lio, du Costa Rica.
FIFA officials were escorted out behind sheets at the Baur au Lac hotel in Zurich http://t.co/LCuxIyugth pic.twitter.com/1M8SuQMSUu
— The New York Times (@nytimes) 27 Mai 2015
Selon le quotidien new-yorkais, les accusations visent des faits de corruption au cours des vingt dernières années. Elles portent notamment sur des attributions de coupes du monde, de droits de marketing et de télévision. Les accusations visent également des escroqueries par voie électronique, des faits de racket et de blanchiment d’argent. Les accusations concernent au total une dizaine de personnes précise le journal, mais certaines d’entre elles ne se trouvent pas actuellement à Zurich.
Parmi les dirigeants présents ou passés de la Fifa visés par les accusations figurent Jeffrey Webb (Iles Caïman), Eugenio Figueredo (Uruguay), tous deux membres du comité exécutif, et Jack Warner (Trinité-et-Tobago), un ancien membre du comité exécutif, déjà impliqué dans de nombreuses affaires de corruption. Une porte-parole de la Fifa a indiqué que l’instance cherchait «à clarifier la situation» après ces arrestations.
Une conférence de presse a été convoquée à 11h00 locales (09h00 GMT) au siège de la Fédération à Zurich, en présence de Walter De Gregorio, directeur de la communication. Demande d’extradition «La police cantonale a arrêté six fonctionnaires du football (…) à la demande des autorités américaines», a indiqué le ministère suisse de la Justice dans un communiqué, précisant agir à la demande du parquet du district est de New York.
FIFA arrests were carried out peacefully, with at least 2 men being ushered without handcuffs http://t.co/zQgX0miM99 pic.twitter.com/Yek16G7QW2 — The New York Times (@nytimes) 27 Mai 2015
«Des représentants des médias sportifs et de sociétés de marketing sportif seraient impliqués dans des versements à de hauts fonctionnaires d’organisations footballistiques (des délégués de la Fifa et d’autres personnes appartenant à des organisations affiliées à la Fifa) en échange de droits médiatiques et des droits de marketing de compétitions organisées aux Etats-Unis et en Amérique du Sud», précise le ministère.
«Selon la demande d’arrestation américaine, l’entente relative à ces actes aurait été conclue aux Etats-Unis, où ont également eu lieu les préparatifs. Des paiements auraient transité par des banques américaines», ajoute le communiqué suisse.
Les suspects interpellés font l’objet d’une demande d’extradition américaine.
Ils vont être entendus par la police de Zurich. Ceux qui accepteront leur extradition feront l’objet d’une procédure simplifiée «par laquelle l’OFJ (Office Fédéral de la Justice) pourra sans délai approuver la demande d’extradition vers les Etats-Unis et l’exécuter».
Pour ceux qui s’y opposeront, «l’OFJ priera les Etats-Unis de faire parvenir une demande formelle d’extradition à la Suisse dans le délai de 40 jours prévu par le traité d’extradition en vigueur entre les deux pays», selon le communiqué.
Ce coup de filet spectaculaire intervient à deux jours de l’élection à la présidence de la Fifa, où Joseph Blatter, à sa tête depuis 1998, briguera un cinquième mandat.
M. Blatter, âgé de 79 ans, est au centre de nombreuses critiques pour sa gouvernance de la richissime instance, qui a enregistré un chiffre d’affaires de près de 2 milliards d’euros en 2014, année de la dernière coupe du monde.
De nombreuses accusations de corruption, relayées par les médias, ont visé l’attribution des Coupes du monde 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar.
Mathieu Rosan / AFP