La chaleur s’accentuait lundi au plus fort de l’épisode caniculaire qui s’abat sur l’Hexagone: la carte de France a viré au cramoisi sur une large partie de la façade atlantique, avec 15 départements en vigilance rouge pour canicule et un premier record historique de température battu à Brest.
Nul n’est plus à l’abri: le pic de cette 45e vague de chaleur recensée en France depuis 1947 est attendu sur la façade ouest, des Landes et du Gers jusqu’au Finistère. La multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes est une conséquence directe du réchauffement climatique selon les scientifiques, les émissions de gaz à effet de serre augmentant à la fois leur intensité, leur durée et leur fréquence.
A la pointe de la Bretagne, le record historique de température a été battu en début d’après-midi à Brest avec 35,8°C, contre 35,2°C enregistré dans la ville en 1949. Et cette valeur n’est que provisoire puisque la température va continuer à grimper dans l’après-midi.
En Gironde, les deux feux gigantesques ont déjà brûlé 14.000 hectares de végétation. La préfecture a annoncé l’évacuation préventive de 8.000 personnes à la Teste-de-Buch. Selon les pompiers – qui sont désormais 1.700 mobilisés selon la préfecture – 16.200 vacanciers au total ont dû plier bagages en urgence depuis mardi. La journée de lundi s’annonce comme « l’une des plus difficiles » que devront affronter les soldats du feu depuis le début des incendies, selon les pompiers.
Feux de culture
A la Teste-de-Buch, « le feu est arrivé à la mer » et se dirigeait vers le sud, avait indiqué dimanche soir la préfecture. Sur des vidéos amateurs, on pouvait voir l’immense brasier dévorant la plage de la Lagune, au sud de la dune du Pilat. Le ministère de l’Intérieur a annoncé des renforts avec, dès dimanche soir, « trois avions supplémentaires » pour appuyer les six bombardiers déjà engagés, ainsi que « 200 sapeurs-pompiers supplémentaires (…) avec 11 camions lourds ».
En pleines moissons, des feux de culture ont éclaté jusque dans le nord de la France, où ils ont touché plusieurs hectares dans le Nord et le Pas-de-Calais. L’enfer n’est pas terminé.
L’alerte rouge émise dimanche, qui recommande aux habitants des zones concernées d’observer une « vigilance absolue » face à des « phénomènes dangereux d’intensité exceptionnelle », concerne les départements suivants: Charente, Charente-Maritime, Côtes-d’Armor, Dordogne, Finistère, Gers, Gironde, Ille-et-Vilaine, Landes, Loire-Atlantique, Lot-et-Garonne, Maine-et-Loire, Morbihan, Deux-Sèvres et Vendée.
Cinquante-et-un départements sont, par ailleurs, en vigilance orange (ce qui signifie « soyez très vigilants ») et le reste de la France – à l’exception de la Corse-du-Sud – est classé jaune (« soyez attentifs »).
La journée de lundi pourrait être l’une des plus chaudes jamais enregistrées à l’échelle de la France. Les températures maximales seront partout supérieures à 30°C, et comprises entre 38 et 40°C dans une moitié de la France, de l’Ouest à la vallée du Rhône. La période du 1er juin au 15 juillet, soit la première moitié de l’été, a été la plus chaude jamais observée depuis le début des statistiques en 1947 en Corse et dans la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, selon Météo-France.
La moitié de l’UE menacée de sécheresse
La nuit de lundi à mardi sera brûlante dans tous les départements classés rouge: « On va avoir une nuit vraiment torride », avec des minimales ne descendant pas en-dessous de 25/26°C au plus frais de la nuit, selon le prévisionniste Olivier Proust.
Cette vague rouge brique va ensuite refluer très vite sur la façade ouest, poussée vers l’Est par des vents soutenus. La vigilance rouge canicule devrait être levée dès 6H00 mardi. Mercredi, « les fortes chaleurs ne concerneront plus que le quart sud-est avec des nuits toujours très chaudes », selon Météo France.
Corollaire de cette vague de chaleur, de la circulation automobile et des activités industrielles, des pollutions à l’ozone vont se produire, notamment « en Ile-de-France, Normandie, Hauts-de-France, Bretagne, Pays de la Loire, Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie et Provence-Alpes-Côte-d’Azur », selon Prév’air.
Cette vague de chaleur touche l’ensemble de l’Europe occidentale, provoquant également des feux de forêt en Espagne ou au Portugal. Environ la moitié du territoire de l’Union européenne est confrontée actuellement à un risque de sécheresse suite à l’absence prolongée de précipitations, avec une végétation et des cultures affaiblies par le manque d’eau, a annoncé lundi la Commission européenne.