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Des pauses humanitaires à Gaza


Le territoire est dévasté après le déclenchement de la guerre entre le Hamas et Israël le 7 octobre 2023. 

L’aide humanitaire s’organise enfin pour venir aux 2 millions de Gazaoui bloqués dans leur territoire et touchés par la famine.

L’ONU a assuré dimanche vouloir essayer d’atteindre autant de personnes que possible dans la bande de Gaza, après l’annonce par Israël de l’ouverture de routes terrestres sécurisées pour les convois humanitaires dans le territoire palestinien assiégé et affamé. Le Premier ministre israélien a estimé de son côté que, après cette annonce, les Nations unies devaient cesser de blâmer son gouvernement pour la situation humanitaire à Gaza. «Il existe des couloirs sécurisés. Ils ont toujours existé, mais aujourd’hui, c’est officiel. Il n’y aura plus d’excuses», a déclaré Benjamin Netanyahu lors d’une visite sur une base aérienne.

Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a affirmé disposer d’assez de denrées, déjà sur place ou en route pour la région, afin de nourrir les 2,1 millions d’habitants de la bande de Gaza pendant près de trois mois. Le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher, a salué l’annonce de ces «pauses humanitaires». «En contact avec nos équipes sur le terrain qui feront tout leur possible pour atteindre autant de personnes affamées que nous le pouvons», a-t-il écrit sur X.Le PAM a expliqué que les pauses et les corridors devraient permettre de distribuer la nourriture d’urgence de manière sécurisée. «L’aide alimentaire est le seul véritable moyen pour la plupart des habitants de Gaza de se nourrir», a-t-il affirmé dans un communiqué.

Il précise qu’un tiers de la population n’a pas mangé depuis plusieurs jours, et que 470 000 personnes à Gaza «subissent des conditions semblables à une famine» qui conduiraient à leur mort. Selon le PAM, il faut 62 000 tonnes de nourriture chaque mois pour subvenir aux besoins de toute la population gazaouie. L’agence relève par ailleurs que, en plus de la «pause» annoncée dimanche, Israël s’est engagé à laisser entrer davantage de camions à Gaza avec des procédures de dédouanement plus rapides, et a assuré qu’il n’y aurait plus de «force armée ou de fusillade à proximité des convois». «Ensemble, nous espérons que ces mesures permettront une augmentation de l’aide alimentaire d’urgence pour atteindre les personnes affamées sans nouveaux retards», indique le PAM.

«Un paysage dystopique»

Le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a affirmé qu’Israël, en tant que puissance occupant Gaza, était dans l’obligation de s’assurer qu’une quantité suffisante de nourriture est fournie à la population. «Les enfants meurent de faim sous nos yeux. Gaza est un paysage dystopique marqué par des attaques meurtrières et une destruction totale», a-t-il soutenu dans un communiqué. Il a critiqué la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), un organisme privé soutenu par les États-Unis et Israël, qui a commencé à distribuer des denrées alimentaires fin mai lorsque les efforts organisés par l’ONU ont été bloqués. Selon M. Türk, les «lieux de distribution chaotiques et militarisés» de la GHF «échouent complètement à fournir l’aide humanitaire à l’échelle et dans les proportions nécessaires».

D’après ses services, les forces israéliennes ont tué plus de 1 000 Palestiniens qui tentaient de récupérer de la nourriture depuis que la GHF a lancé ses opérations, près des trois quarts à proximité des sites de la GHF. «La famine des habitants de Gaza doit cesser maintenant», a martelé de son côté dimanche le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, sur X, assurant se tenir «aux côtés des collègues de l’ONU et des ONG, prêts à fournir une aide vitale désespérément nécessaire à des centaines de milliers de personnes risquant de mourir.» Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), dirigé par Tom Fletcher, avait averti vendredi que les conditions à Gaza étaient «déjà catastrophiques et se dégradent rapidement». «La crise de la famine s’aggrave», avait-il alerté, soulignant que la faim et la malnutrition augmentaient le risque de maladies et que les conséquences pouvaient rapidement «devenir mortelles». L’OCHA a annoncé que les équipes de l’ONU étaient en place pour intensifier les livraisons dans le territoire palestinien «dès qu’elles seront autorisées à le faire». «Si Israël ouvre la frontière, laisse entrer de l’essence et des équipements, et permet aux équipes humanitaires d’opérer en sécurité, l’ONU accélèrera la livraison d’aide alimentaire, de services de santé, d’eau potable (…) et de matériaux pour les abris», a assuré l’institution.