Des dizaines de pays sont incapables d’administrer la seconde injection de vaccins anti-Covid, faute de doses suffisantes, ce qui risque de déstabiliser durablement les campagnes vaccinales, a mis en garde l’OMS vendredi.
« Nous avons un énorme nombre de pays qui ont dû suspendre leur campagne de vaccination pour la seconde dose -30 ou 40 pays- qui auraient pu recevoir des secondes doses d’AstraZeneca par exemple et qui ne sont pas en mesure de le faire », a affirmé le docteur Bruce Aylward, chargé à l’OMS de superviser le système de distribution international Covax.
« L’intervalle (entre les deux injections) est maintenant plus long que ce que nous aimerions », a-t-il mis en garde, expliquant que Covax était en négociations directes avec AstraZeneca mais aussi le Serum Institute of India, qui doit fabriquer l’essentiel des doses pour Covax, mais dont la production est interdite d’exportation face à l’urgence des besoins en Inde même. Un intervalle trop long entre deux doses peut faciliter l’émergence de variants plus dangereux ou contagieux.
Selon Bruce Aylward, ces pays se trouvent particulièrement en Afrique sub-saharienne, mais aussi en Amérique latine, au Moyen-Orient et en Asie du sud, notamment les voisins de l’Inde comme le Népal ou encore le Sri Lanka, qui doivent affronter une sévère vague d’infections.
Promesses de dons à tenir
Pour l’instant, les partenaires de Covax essayent d’accéder à un maximum de doses qui sont cruciales pour la période de juin à septembre. Il a noté que les États-Unis avaient promis 80 millions de doses pour la période juin-juillet, mais l’essentiel du milliard de doses promis par le G7 ne seront disponibles que plus tard dans l’année et surtout en 2022. « Les dons sont une solution à court terme face à un marché très imparfait où seuls les pays qui ont les moyens ou produisent des vaccins y ont accès », a-t-il rappelé.
Le docteur Aylward a tenu à souligner l’effet délétère de ces à-coups sur la confiance des populations dans la vaccination. « Quand on force des pays avec des systèmes moins robustes d’interrompre, de réorganiser, de rediriger leur programme » on rend « très difficile la mobilisation de la population », a souligné le docteur Aylward.
Au 17 juin, le système Covax avait fourni seulement 88 millions de doses dans 131 pays, bien en-deçà de ce qui était initialement prévu.
LQ/AFP