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Des attaques jihadistes à la frontière tuniso-libyenne font 54 morts


À la suite des attaques, un couvre-feu est entré en vigueur à Ben Guerdane à 19H, jusqu'à mardi 05H. (Photo AFP)

La Tunisie a été lundi le théâtre d’attaques jihadistes « sans précédent » près de la Libye. Moins d’une semaine auparavant, des heurts armés avaient eu lieu dans cette même région.

La Tunisie a subi des attaques simultanées « sans précédent » à Ben Guerdane, une ville de 60.000 habitants dans le sud-est de la Tunisie, voisine de la Libye. Ces attentats ont été attribués par les autorités au groupe Etat islamique (EI), qui ont fait au moins 54 morts. Dans le détail, 36 jihadistes, 12 membres des forces de l’ordre et sept civils ont été tués lundi.

Parmi les 12 membres des forces de l’ordre figurent un soldat, un douanier et 10 membres des forces de la sécurité intérieure « dont l’un a été assassiné à son domicile », a précisé e Premier ministre Habib Essid lors d’une conférence de presse. Il a ajouté que 14 membres des forces de l’ordre avaient en outre été blessés, ainsi que trois civils.

Le chef du gouvernement tunisien a par ailleurs indiqué que les assaillants étaient une cinquantaine au total, selon une première estimation, et confirmé que sept d’entre eux avaient été arrêtés. Déjà frappée en 2015 par une série d’attentats sanglants, la Tunisie a annoncé la fermeture des postes frontaliers et le renforcement des patrouilles y compris aériennes à sa frontière avec la Libye, où le chaos profite notamment à l’EI.

La Tunisie en guerre

« Le but de cette attaque était de troubler la situation sécuritaire dans notre pays et d’établir un émirat de – Daech – à Ben Guerdane », a dit M. Essid, faisant référence à l’EI par un acronyme arabe. « Mais grâce à tous les efforts, à la coopération entre notre armée nationale et nos forces de sécurité intérieure, la réaction a été forte et rapide », a-t-il ajouté.

Perpétrées lundi à l’aube, ces attaques ont visé une caserne de l’armée, un poste de police et un poste de la garde nationale (gendarmerie) tunisiennes à Ben Guerdane, localité de 60.000 habitants toute proche du territoire libyen. En fin d’après-midi, des échanges de tirs ont de nouveau été rapportés par des témoins.

Hedi, un habitant de la ville, a raconté sur la radio privée Shems FM que des hommes armés qu’il avait croisés s’étaient réclamés de l’EI. « Ils ont dit: – N’ayez pas peur, nous sommes l’Etat islamique -« . Les forces de l’ordre ratissaient mardi la région de Ben Guerdane, a indiqué le ministère de l’Intérieur, en notant que la situation était désormais « stable ».

« Il s’agit d’une attaque sans précédent, coordonnée », a réagi le président Béji Caïd Essebsi. « Les Tunisiens sont en guerre contre cette barbarie et ces rats que nous allons exterminer », a-t-il enchaîné, dans des propos retransmis par la TV publique. Un couvre-feu est entré en vigueur à Ben Guerdane à 19H, jusqu’à mardi 05H.

Les forces de l’ordre patrouillaient dans les rues et ont incité par haut-parleur les citoyens à rester chez eux. Des soldats montaient la garde du haut de certains toits. Outre la fermeture des postes-frontières pour une durée indéterminée, les autorités avaient aussi bouclé en matinée la route côtière reliant Ben Guerdane à Zarzis, au nord.

La Tunisie est confrontée, depuis sa révolution de 2011, à l’essor d’une mouvance jihadiste responsable de la mort de dizaines de policiers et de soldats, ainsi que de touristes. Cette attaque simultanée contre des installations sécuritaires, d’ampleur inédite, intervient moins d’une semaine après de premiers heurts armés dans cette même région.

La Tunisie protège sa frontière

Cinq extrémistes venus de Libye, retranchés dans une maison, avaient été tués par les forces de sécurité. Au moins quatre étaient Tunisiens, d’après les autorités, qui avaient dit avoir mis la main sur un arsenal de guerre. Elles avaient aussi mentionné la possible entrée sur le sol tunisien de « groupes terroristes » après un raid américain le 19 février contre un camp d’entraînement de l’EI à Sabrata, dans l’ouest libyen, à moins de 100 km de la frontière.

Paris et Berlin ont condamné les attaques, le président français François Hollande assurant que « la Tunisie a, une fois encore, été visée parce qu’elle est un symbole ». Washington a « condamné avec force » les attaques, le porte-parole du département d’Etat américain, John Kirby, dénonçant « les menaces extérieure et intérieure » posées par « l’extrémisme » sur la « stabilité et la prospérité » de la Tunisie.

Tunis, qui compte plusieurs milliers de ressortissants dans les rangs d’organisations jihadistes à l’étranger, exprime régulièrement son inquiétude à propos de la Libye. Pour tenter de se protéger, elle a construit un « système d’obstacles » sur près de la moitié des 500 km de frontière. Le mois dernier, Londres a annoncé l’envoi de 20 soldats afin d’aider la Tunisie à sécuriser cette frontière.

Le Quotidien/AFP