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Dengue et coronavirus : bombe à retardement en Amérique centrale


Le Honduras (notre photo), qui pourtant dénombre moins de 50 morts pour le moment, va construire des hôpitaux (Photo : AFP).

Les systèmes de santé d’Amérique centrale, déjà confrontés au nouveau coronavirus, sont maintenant sous la menace supplémentaire d’une flambée de dengue avec l’arrivée de la saison des pluies.

Plus de 23.000 cas de dengue, dont 22 décès, ont été recensés depuis le début de l’année dans les pays de l’isthme centro-américain. L’année dernière, 255 des 192.000 malades comptabilisés avaient été emportés par la maladie, transmise par le moustique Aedes aegypti, qui prolifère dans les pays tropicaux à la faveur de la saison humide.

Sur le front de l’épidémie de Covid-19, plus de 6.000 cas, dont 200 décès, ont déjà été dénombrés dans les six pays d’Amérique centrale.

A l’exception notable du Nicaragua, les gouvernements ont adopté des mesures drastiques pour contenir la progression du nouveau coronavirus, en fermant leurs frontières et en imposant des mesures de confinement à leur population, voire des couvre-feux.

Pour l’heure, le Panama (4 millions d’habitants) est le plus durement frappé avec plus de 4.600 cas déclarés et 144 morts. Mais la situation est aussi préoccupante au Honduras (9 millions d’habitants, 500 cas recensés, près de 50 décès) où le système de santé est déjà mis à rude épreuve par l’épidémie de dengue.

En prévision de l’assaut, peut-être conjugué, du coronavirus et du flavivirus de la dengue, le Honduras a entrepris de construire des hôpitaux, tandis que d’autres pays ont choisi d’aménager des centres de soins dans des bâtiments publics ou des installations sportives.

Car la dengue est toujours là : depuis le début de l’année, 10.975 malades de la dengue ont été hospitalisés au Honduras, et neuf d’entre eux ont succombé au virus qui provoque des nausées, des éruptions cutanées, un affaiblissement général, des douleurs musculaires et des maux de tête. Sa forme hémorragique est potentiellement mortelle.

Selon des sources médicales, les perspectives sont cependant moins sombres que pour l’année dernière. Le bilan 2019 s’était élevé à 180 morts, et une trentaine d’hôpitaux publics avaient été débordés par l’afflux de quelque 113.000 malades.

Patrouilles spécialisées

« La prévalence de la dengue a baissé, mais nous restons en zone d’alerte », a indiqué Valeska Mejia, qui dirige les services infirmiers de l’hôpital Roberto Suazo Cordova de La Paz.

Cet hôpital, d’une capacité de 124 lits et situé à 40 km au nord de Tegucigalpa, avait été submergé l’année dernière par les malades la dengue : des lits avaient été installés dans les couloirs et jusque dans la chapelle de l’établissement.

A La Paz (46.000 habitants), seuls deux cas de malades du Covid-19, qui n’ont pas nécessité d’hospitalisation, ont été recensés pour le moment.

Au Salvador voisin (6,5 millions d’habitants), la dengue a fait six morts depuis le 1er janvier, pour 3.900 malades. Un bilan inquiétant : pour toute l’année 2019, le virus y avait fait 14 morts pour 6.000 hospitalisations.

Au Guatemala (17 millions d’habitants), cinq patients sont morts depuis le début de l’année (3.300 malades de la dengue recensés), contre 40 morts l’année dernière sur 50.600 cas comptabilisés.

Le Costa Rica (5 millions d’habitants) a enregistré 1.760 cas de dengue depuis le 1er janvier (9.400 en 2019), tandis que le Panama déplore deux morts pour 2.300 malades (8.200 cas, dont cinq décès l’année dernière).

« Nous ne devons pas baisser la garde contre la dengue, même si le coronavirus est là et impacte la population », met en garde Gustavo Urbina, un spécialiste du ministère hondurien de la Santé.

C’est ainsi que, dans toute l’Amérique centrale, des patrouilles spécialisées sillonnent les rues et quartiers pour demander aux habitants d’éviter les foyers de prolifération du moustique en vidant l’eau de tous les récipients possibles, et surtout de traquer les pneus abandonnés qui peuvent se transformer en véritables nids à moustiques. En outre, des désinsectisations sont pratiquées là où c’est jugé nécessaire.

« Nous traversons un moment difficile, avec la lutte contre le Covid-19, mais malheureusement les autres maladies sont toujours là. Nous appelons la population à nous aider en éliminant les foyers de prolifération du moustique dans les maisons », insiste Rodrigo Marin, directeur du système costaricien de surveillance sanitaire.

AFP