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Défense : l’UE en sommet sur le difficile renforcement de son autonomie


Emmanuel Macron a insisté jeudi sur la nécessité pour l'Europe "d'anticiper les nouvelles formes de menaces, cyber, maritimes, spatiales, aériennes" (photo d'illustration : AFP).

Confrontés au désengagement américain et à de nouvelles menaces, les dirigeants européens, réunis en sommet, se penchaient vendredi sur le renforcement de l’autonomie de l’UE pour assurer sa sécurité, malgré la frilosité de certains pays inquiets d’un affaiblissement de l’Otan.

Les Vingt-Sept ont entamé la journée par une visioconférence avec le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, avant de discuter des projets européens en matière de sécurité et de défense.

« Nous voulons promouvoir la capacité d’adaptation et la préparation de l’Union européenne à faire face efficacement à toutes les menaces et à tous les défis en matière de sécurité », ont ils souligné dans un projet de conclusions consulté par l’AFP.

Les Européens insistent en particulier sur leur « détermination » à renforcer les partenariats avec les Nations Unies et l’Otan. « Cette coopération mondiale bénéficiera d’une UE plus forte », soutiennent-ils.

« Un partenariat fort requiert des partenaires forts », a insisté le président du Conseil européen Charles Michel en accueillant Jens Stoltenberg.

Le nouveau secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken avait utilisé la même formule lors de son premier entretien en visioconférence lundi avec les ministres des Affaires étrangères de l’UE.

« Nous devons affronter les mêmes menaces et ni l’Europe, ni les Etats-Unis ne peuvent le faire seuls », a reconnu le secrétaire général de l’Otan.

« Mais cette capacité pour l’UE d’agir de manière autonome inquiète les pays membres en première ligne face à la Russie, car ils appréhendent un désengagement européen vis-à-vis de l’Otan », confie un haut fonctionnaire européen.

« Et leurs inquiétudes sont renforcées par les remises en cause de l’existence de l’Otan par certains dirigeants aux Etats-Unis et en Europe », constate-t-il.

Le président français Emmanuel Macron a estimé la semaine dernière dans un entretien au Financial Times que l’Otan devait « être revue », car « l’Alliance a été conçue pour faire face au Pacte de Varsovie et le Pacte de Varsovie n’existe plus ». Les pays signataires de ce pacte avec l’ex-URSS ont rallié l’Otan et sont membres de l’UE ou candidats à l’adhésion.

Problème turc

Emmanuel Macron a insisté jeudi sur la nécessité pour l’Europe « d’anticiper les nouvelles formes de menaces, cyber, maritimes, spatiales, aériennes ».

Le risque est aussi terroriste. « Le niveau de la menace est aujourd’hui le plus élevé jamais constaté depuis la guerre froide, et il ne vient pas que de la Russie, explique un diplomate européen de haut rang. Il ne se passe pas un jour sans une attaque contre nos infrastructures stratégiques ».

L’eurodéputé français Arnaud Danjean (PPE, droite pro-UE), spécialiste des questions de défense, déplore le « faux débat » créé autour de l’autonomie de défense de l’UE. « Tout le monde sait que le coeur de l’Otan, c’est son rôle sur le front Est, face à la Russie », soutient-il.

« La politique européenne de Défense, c’est plutôt de la gestion de crise, et elle se fera sur le front Sud, dans des régions qui ne sont plus des priorités pour les Etats-Unis », explique-t-il.

« Il faut avoir une vraie autonomie européenne sur le flanc Sud, car les décisions à l’Otan sont prises à l’unanimité et la Turquie pose un problème: elle paralyse l’Alliance en s’opposant à certaines opérations dans cette région, notamment en Libye », plaide-t-il.

L’UE doit faire front uni pour identifier ses moyens et surtout ses dépendances: elles sont énormes, soutient Arnaud Danjean, citant les drones, les missiles, les composants, les capteurs, le géo-positionnement pour les armes téléguidées.

La Commission européenne a récemment fourni un cadre avec son plan d’action pour les synergies entre les industries civiles, spatiale et de défense. Le budget européen prévoit un budget de 1 milliard d’euros par an pendant 7 ans pour financer le Fonds européen de Défense.

La « facilité de Paix » va permettre de fournir des armements aux partenaires de l’UE et peut désormais entraîner et équiper des forces militaires en Afrique.

« Les Européens ont les moyens d’agir. Ils leur faut la volonté politique. Hélas, elle n’est pas encore au rendez-vous. Des pays comme l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal, refusent encore de s’engager au delà des missions de formation », déplore un diplomate.

AFP