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Décès d’Arsène Tchakarian, dernier survivant du « groupe Manouchian »


Arsène Tchakarian, le dernier survivant du réseau Manouchian, est décédé le 4 août. (Photo : AFP)

Arsène Tchakarian, dernier survivant du célèbre « groupe Manouchian » qui avait résisté à l’occupant nazi, est décédé samedi à l’âge de 101 ans, a-t-on appris dimanche auprès de sa famille.

Né en Turquie en 1916 en plein génocide arménien, arrivé à Paris en 1930, il s’était illustré pendant la guerre au sein de ce groupe de résistants que les Allemands avaient ciblés dans la fameuse « Affiche rouge ». Installé après-guerre dans un pavillon de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) qu’il avait transformé en centre d’archives, ce vieil homme alerte continuait jusqu’à peu à écumer lycées et collèges pour offrir son témoignage sur l’Occupation et militer pour la reconnaissance du génocide arménien.

« Il n’a eu de cesse d’agir pour la reconnaissance du génocide et les droits du peuple arménien. Modeste et humble, c’est pourtant un grand homme qui nous quitte aujourd’hui que le Parti communiste est fier d’avoir compté dans ses rangs », a réagi Pierre Laurent, secrétaire national du PCF.

« L’armée du crime »

Avec son décès s’éteint le dernier survivant du groupe fondé pendant l’Occupation par son ami Missak Manouchian, un journaliste dont il partageait les origines arméniennes et l’engagement communiste. Composé d’immigrés (Italiens, Arméniens, juifs polonais…), ce réseau a multiplié les actions coups de poing: attaque contre des gendarmes en mars 1943, sabotage de lignes de haute tension… « La France c’était le pays des libertés, mais on se battait aussi par anti-fascisme », racontait Arsène Tchakarian en 2011.

Le « groupe Manouchian », que les Allemands tenteront de discréditer en le présentant comme une « armée du crime », sera décimé par un coup de filet en février 1944 à l’issue duquel 23 de ses membres sont jugés et tués. Caché à Paris grâce à un policier, Arsène Tchakarian sera exfiltré vers Bordeaux où il continuera à servir la Résistance jusqu’à la Libération. Bardé de décorations après la guerre, il devra toutefois patienter jusqu’en 1958 pour être naturalisé français et il reprendra son activité de tailleur.

Promu à titre exceptionnel officier de la Légion d’honneur en 2012, Arsène Tchakarian était père de six enfants. Il est décédé samedi à l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif.

Le Quotidien/AFP