Adulé des stars et respecté par ses pairs: Alber Elbaz, le créateur de mode à l’éternel noeud papillon qui avait réveillé la maison Lanvin, est décédé à l’âge de 59 ans, laissant derrière lui une industrie de la mode en deuil.
« C’est sous le choc et avec beaucoup de tristesse que j’ai appris le décès soudain d’Alber (…) C’était un homme d’une chaleur exceptionnelle et très talentueux, et sa vision si singulière, son sens de la beauté et de l’empathie laisseront une marque indélébile », a salué Johann Rupert, à la tête du groupe de luxe suisse Richemont dans un communiqué, sans préciser les causes de son décès.
Reconnaissable à sa silhouette ronde, ses lunettes et… son noeud papillon, Alber Elbaz a marqué le monde de la mode par ses petites robes, souvent noires, prisées d’actrices hollywoodiennes comme Natalie Portman, Cate Blanchett ou Sienna Miller.
« Je suis terriblement triste d’apprendre le décès d’Alber Elbaz, un ami de longue date. N’importe qui de suffisamment chanceux pour avoir travaillé avec cet homme incroyable sait qu’il a été l’un des hommes les plus créatifs et drôles de l’industrie, un vrai pionnier », a réagi sur Instagram Edward Enninful, rédacteur en chef du Vogue UK, saluant la mémoire d’un homme « extrêmement talentueux et humble ».
« Priorité aux femmes »
Né au Maroc, Alber Elbaz (né Albert) a commencé sa carrière avec le créateur américain Geoffrey Beene à New York avant d’être engagé par Guy Laroche.
Il avait ensuite pris la difficile succession de Yves Saint Laurent pour la ligne prêt-à-porter du couturier français en 1998 avant de rejoindre Lanvin en 2001.
A sa tête pendant 14 ans, il a réussi le tour de force de replacer la plus ancienne maison de couture française, fondée par Jeanne Lanvin en 1889, au firmament de la planète mode, lui redonnant succès et notoriété.
Chez Lanvin, il affirme son style et sa vision de la mode pour les femmes. Une mode fonctionnelle qui doit accompagner leurs corps et les mettre en valeur.
« Les femmes sont plus indépendantes, elles osent davantage. Elles ne dépendent pas de leur mari qui leur donne un chèque pour s’acheter une robe. Elles ne dépendent pas non plus d’un styliste (…) Un vêtement doit les accompagner. Elles ont envie de bouger avec, de vivre avec. Le mouvement est essentiel pour moi, c’est la vie », déclarait-il lors d’une interview au magazine L’Express en 2008.
Il avait également signé une collection capsule en 2010 pour le géant du prêt-à-porter suédois H&M.
Départ traumatisant
En 2015, il est évincé de la maison Lanvin. Un départ brutal et traumatisant pour le créateur, qui aura du mal à s’en remettre. Les années suivantes, il se fait discret, produisant quelques collaborations de ci, de là. Il en a notamment signé une pour Tod’s portant sur des sacs et des chaussures et une autre avec les baskets Converse.
Fin 2019, il s’associe au suisse Richemont dans le but de créer sa propre griffe « AZ Factory », qu’il veut « fonctionnelle et qui convient à tout le monde ».
« C’est un nouveau départ. Une marque de luxe digitale basée sur l’innovation et la technologie, mais avant tout, un lieu où faire des expériences et essayer de nouvelles idées », avait-il déclaré lors du lancement de sa marque.
Un nouveau départ qui tourne court et qui laisse un monde en deuil, quelques mois après le décès de Kenzo, mort du Covid-19.
« Alber Elbaz le couturier fin, sage et capricieux qui a donné la priorité aux femmes, nous a quittés après trois semaines de lutte contre le Covid », a affirmé sur Instagram, la papesse de la mode, l’Américaine Suzy Menkes.
« Disparition tragique d’Alber Elbaz, grand créateur de mode et grand artiste, intensément attaché au savoir-faire, voulant l’innovation dont il comprenait toute la portée et la nécessité. Il avait tant de talent et aussi du génie. Immense tristesse », a réagi sur Twitter le président exécutif de la Fédération de la haute couture et de la mode en France, Pascal Morand.
AFP