Le cyclone qui a balayé en fin de semaine dernière le Mozambique et le Zimbabwe, emportant routes, ponts, hôpitaux et écoles, a fait au moins 182 morts dans les deux pays, mais le bilan final au Mozambique pourrait dépasser le millier de morts, a prévenu le président Filipe Nuysi.
« Pour le moment, nous avons officiellement 84 morts (NDLR : au Mozambique). Mais quand on a survolé la zone tôt ce matin (…) pour comprendre ce qui se passe, tout laisse à penser que le bilan pourrait dépasser les 1 000 morts », a déclaré Filipe Nyusi dans une intervention télévisée lundi à Maputo.
« Plus de 100 000 personnes ont besoin d’aide alimentaire », a-t-il ajouté. « Les eaux des rivières Pungue et Buzi ont débordé et fait disparaître des villages entiers, isolant des communautés. Il y a des corps qui flottent. C’est un véritable désastre humanitaire », a dit le président mozambicain.
Des rescapés ont trouvé refuge dans des arbres en attendant les secours, a expliqué le président. Des images aériennes transmises par l’organisation Mission Aviation Fellowship montrent aussi des dizaines de personnes bloquées sur les toits de bâtiments en dur entourés d’eau.
Le cyclone Idai et ses vents d’une extrême violence associés à des pluies torrentielles se sont abattus sur le centre du Mozambique jeudi soir, avant de poursuivre leur course au Zimbabwe voisin.
Les «conséquences d’une guerre à grande échelle»
Au Zimbabwe, le dernier bilan s’élevait à 98 morts et au moins 217 disparus, selon le ministère de l’Information.
« On a l’impression d’avoir affaire aux conséquences d’une guerre à grande échelle », a déclaré le ministre de la Défense par intérim, Perrance Shiri.
Au Mozambique, l’étendue des dégâts à Beira, la deuxième ville du pays avec un demi-million d’habitants, est « énorme et terrifiante », a prévenu la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).
« 90% de Beira et de ses alentours ont été endommagés ou détruits », a indiqué la FICR dans un communiqué.
« Les moyens de communication ont été totalement coupés et les routes sont détruites », compliquant grandement les secours, a précisé Jamie LeSueur, de la FICR, depuis Beira.
Lundi, les rues de la ville étaient jonchées d’arbres déracinés, d’éclats de verre et de tôles emportées.
« Les tôles en s’envolant ont décapité des gens, d’autres ont été blessés. (…) Il n’y a pas de secours ici. On est mal », a déclaré une rescapée, Rajina, qui a trouvé refuge dans une échoppe abandonnée.
Dans la région de Beira, 873 maisons ont été emportées, 24 hôpitaux détruits et 267 classes partiellement ou complètement englouties, selon un bilan provisoire de l’Institut mozambicain de gestion des désastres.
Le président Nyusi a appelé ses concitoyens qui habitent « près de rivières à quitter la zone pour sauver leur vie, surtout si on doit lâcher de l’eau des barrages » pour éviter qu’ils ne cèdent.
Plusieurs ont déjà « lâché ou atteint leur niveau maximum », a d’ailleurs prévenu Emma Beaty de l’ONG Oxfam.
Le «pire désastre naturel» de l’histoire du Mozambique
Dimanche soir, le ministre de l’Environnement, Celso Correia, avait estimé que le cyclone Idai pourrait avoir provoqué le « pire désastre naturel » de l’histoire du Mozambique, fréquemment frappé par de violentes intempéries.
En 2000, des crues avaient déjà causé la mort de 800 personnes dans ce pays pauvre d’Afrique australe.
Au Zimbabwe, le pays n’a jamais connu de « destructions d’infrastructures d’une telle ampleur », a estimé lundi le ministre des Transports, Joel Biggie Matiza.
Les fortes pluies qui avaient précédé l’arrivée d’Idai avaient déjà fait au moins 122 morts au Mozambique et au Malawi voisin, qui a été épargné par le cyclone.
AFP