Enquêteurs et experts informatiques internationaux traquaient dimanche les pirates informatiques à l’origine de la cyberattaque mondiale « sans précédent », qui pourraient frapper à nouveau dans les jours à venir.
Cette attaque, qui a débuté vendredi, a touché des dizaines de milliers d’ordinateurs dans une centaine de pays et affecté les hôpitaux britanniques, le constructeur automobile français Renault, le système bancaire russe, le groupe américain FedEx ou encore des universités en Grèce et en Italie.
L’attaque est « d’un niveau sans précédent » et « exigera une enquête internationale complexe pour identifier les coupables », a indiqué l’Office européen des polices Europol. « Les cybercriminels pourraient croire qu’ils opèrent incognito mais nous allons utiliser tout l’arsenal à notre disposition pour les amener devant la justice », a souligné Oliver Gower, directeur adjoint de la National Crime Agency britannique.
130 000 systèmes touchés, plus de 100 pays
« C’est la plus importante attaque de ce type de l’histoire », a assuré Mikko Hypponen, responsable de la société de sécurité informatique F-Secure, basée en Finlande, en évoquant « 130 000 systèmes touchés dans plus de 100 pays ».
La ministre britannique de l’Intérieur, Amber Rudd, a prévenu dans une tribune au Sunday Telegraph qu’il fallait s’attendre à d’autres attaques et souligné qu’on ne « connaîtra peut-être jamais la véritable identité des auteurs » de celle de vendredi.
Les experts craignent de nouvelles perturbations lundi lorsque les gens retourneront au travail et allumeront des ordinateurs éteints depuis vendredi.
Le chercheur en cybersécurité britannique de 22 ans qui a permis de ralentir la propagation du virus a prévenu dimanche que les pirates risquaient de revenir à la charge en changeant le code et qu’il seront alors impossibles à arrêter. « Vous ne serez en sécurité que lorsque vous installez le correctif le plus rapidement possible », a-t-il tweeté sur son compte @MalwareTechBlog.
Le jeune chercheur, qui souhaite rester anonyme, a été qualifié de « héros » qui a « sauvé le monde » par la presse britannique. Le Sunday Mail a retrouvé une photo du jeune homme, surfeur à ses heures perdues, qui vit encore chez ses parents au sud de l’Angleterre.
De la Russie à l’Espagne et du Mexique au Vietnam, des dizaines de milliers d’ordinateurs, surtout en Europe, ont été infectés par un logiciel de rançon, un « rançongiciel » dénommé Wannacry, exploitant une faille dans les systèmes Windows, divulguée dans des documents piratés de l’agence de sécurité américaine NSA.
Des motivations floues
Ce logiciel malveillant verrouille les fichiers des utilisateurs et les force à payer une somme d’argent, en l’occurrence 300 dollars (275 euros), pour en recouvrer l’usage. La rançon est demandée en monnaie virtuelle bitcoin, difficile à tracer.
Le service public de santé britannique (NHS, 1,7 million de salariés) semble avoir été l’une des principales victimes avec 48 établissements touchés, dont plusieurs ont été obligés d’annuler ou de reporter des interventions médicales. Le constructeur automobile français Renault a aussi reconnu avoir été affecté.
La Banque centrale russe, plusieurs ministères russes, la compagnie ferroviaire allemande Deutsche Bahn, le géant américain de livraison de colis FedEx ou encore la compagnie de télécoms espagnole Telefonica, où les employés ont été appelés par mégaphone à éteindre leurs ordinateurs en catastrophe, ont également été affectés.
Initiative inhabituelle, Microsoft a décidé de réactiver une mise à jour de certaines versions de ses logiciels pour contrer cette attaque. Le virus s’attaque notamment à la version Windows XP, dont Microsoft n’assure plus en principe le suivi technique. Le nouveau logiciel d’exploitation (OS) Windows 10 n’est pas visé.
Les motivations des auteurs étaient toujours floues. Amar Zendik, dirigeant de la société de sécurité Mind Technologies, penche pour une attaque menée par des « hackers » souhaitant « faire un coup » plutôt que de récupérer de l’argent.
Le Quotidien/AFP