L’Allemagne a demandé jeudi à l’ambassadeur russe de s’expliquer au sujet d’une cyberattaque qui a visé en 2015 la chambre des députés et les services de la chancelière allemande Angela Merkel.
Cette cyberattaque, dont il existe de « fortes indications » qu’elle aurait été menée par un suspect alors membre du service russe de renseignements militaires GRU, pourrait se solder par des sanctions émises par l’Union européenne, prévient le ministère allemand des Affaires étrangères dans un communiqué.
Le secrétaire d’État allemand aux Affaires étrangères, Miguel Berger, a « invité » l’ambassadeur russe, Sergei Netschajew, pour évoquer cette cyberattaque menée il y a cinq ans contre le Bundestag et les services d’Angela Merkel. « Au nom du gouvernement fédéral, il a fermement condamné l’attaque de pirates informatiques contre le Bundestag », ajoute le ministère.
Les hackers s’étaient procurés en parallèle de cette cyberattaque, selon des médias allemands, des données personnelles sur une messagerie de la chancelière sur la période allant de 2012 à 2015. Angela Merkel avait elle-même déploré le 13 mai des tentatives « scandaleuses » de piratage russe l’ayant visée en 2015 et assuré disposer de « preuves tangibles » de ces piratages.
Merkel monte au créneau
Un mandat d’arrêt à la demande du parquet fédéral allemand a été récemment émis contre un pirate informatique présumé, Dimitri Badin, également recherché par le FBI, selon l’hebdomadaire Der Spiegel. Il est notamment soupçonné d’avoir participé au piratage de la campagne démocrate durant l’élection présidentielle de 2016 aux États-Unis et d’avoir mené des actions contre l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.
Le gouvernement allemand a indiqué qu’il « évalue également cet incident dans le cadre de l’enquête en cours sur l’affaire dite du meurtre de Tiergarten et se réserve expressément le droit de prendre des mesures supplémentaires ». Cette affaire concerne le meurtre à l’été 2019 en plein cœur de Berlin d’un Géorgien d’origine tchétchène. Un suspect, entré en Allemagne avec de faux papiers, est en détention provisoire dans ce dossier. Lui aussi est soupçonné d’avoir été lié aux services russes.
Mercredi soir, Angela Merkel a accusé Moscou « de soutenir des régimes fantoches dans certaines parties de l’est de l’Ukraine et d’attaquer les démocraties occidentales, dont l’Allemagne, avec des moyens hybrides ». La relation avec la Russie devrait « occuper » la présidence allemande de l’UE à partir du 1er juillet, a prévenu Angela Merkel.
LQ/AFP