Le Premier ministre démissionnaire suédois Stefan Löfven a été réinvesti mercredi chef du gouvernement par le Parlement, mettant un terme – peut-être provisoire – à la crise politique inédite qui a agité le pays nordique depuis trois semaines.
Sa nomination a été validée, faute de majorité absolue contre lui : 173 députés sur 349 ont voté non, sous la barre des 175 nécessaires à l’opposition de droite et d’extrême-droite pour le bloquer. Stefan Löfven a seulement obtenu 116 voix pour, pour 60 abstentions, mais ce résultat ne l’empêche pas de revenir à son poste, qu’il avait dû quitter le 28 juin après avoir perdu un vote de défiance une semaine plus tôt.
Le dirigeant social-démocrate, au pouvoir depuis 2014, a ainsi une nouvelle fois confirmé son statut de survivant de la politique suédoise, ou de « chat à neuf vies », comme l’a rebaptisé la presse ces derniers jours. Ce scénario s’était dessiné après les décisions du parti de Gauche, à l’origine de la crise politique, et du parti du Centre, au rôle clé pour former une majorité, de ne pas voter contre Stefan Löfven. Une issue qui permet notamment d’éviter le risque d’élections supplémentaires à l’automne, avant le prochain scrutin prévu en septembre 2022.
Mais c’est une victoire en demi-teinte pour l’ancien syndicaliste métallo, qui risque une nouvelle crise politique lors du budget à l’automne, où il devra alors disposer d’un vote en faveur du texte.
Accord réduit à peau de chagrin
« En ce qui concerne le budget, nous devrons présenter un budget qui passe le Parlement », a simplement observé Stefan Löfven mercredi lors d’une conférence de presse. Fin juin, il avait averti qu’il quitterait ses fonctions si le texte budgétaire était recalé. « Il procède étape par étape », analyse le politologue suédois Ulf Bjereld. « Il a d’abord agi pour être réélu, et s’attèlera ensuite au budget ».
En place depuis janvier 2019, le gouvernement de centre-gauche de Löfven regroupe les sociaux-démocrates et les Verts. Pour s’assurer une majorité au Parlement, il avait conclu en janvier 2019, après quatre mois de négociations, un accord avec deux autres partis, le Centre et les Libéraux, brisant les alliances traditionnelles qui régnaient jusqu’alors entre la gauche et la droite.
Un accord dit « de janvier » réduit aujourd’hui à peau de chagrin : les Libéraux poussent désormais pour un gouvernement de droite, et la cheffe du parti du Centre, par crainte de voir une influence grandissante du parti de Gauche sur la politique du gouvernement, a annoncé qu’elle se plaçait en opposition « constructive » et qu’elle présenterait son propre budget à l’automne. « Désormais, il n’y a plus du tout d’accord de janvier en place », a acté Stefan Löfven mercredi.
Renversé mi-juin par un vote de défiance inédit, le dirigeant suédois avait préféré démissionner plutôt que convoquer des élections supplémentaires – une option prévue par la Constitution suédoise -, déclenchant une phase de tractations. C’est un projet de libéralisation des loyers qui était à l’origine de la crise politique et avait poussé le parti de Gauche, jusque-là appui ponctuel du gouvernement, à voter la défiance avec la droite et l’extrême-droite. Le projet a entretemps été retiré.
LQ/AFP