Les États membres de l’UE ont entamé lundi à Bruxelles une nouvelle série de réunions pour se coordonner face à une crise migratoire qui ne donne aucun signe d’essoufflement sur le terrain, à l’approche de l’hiver.
Les ministres de l’Intérieur européens se sont réunis à deux jours d’un sommet à Malte, où chefs d’État et de gouvernement de l’UE presseront leurs homologues africains de coopérer davantage aux retours de migrants économiques vers l’Afrique.
Aucune mesure nouvelle n’est attendue à l’issue de cette énième rencontre organisée lundi à Bruxelles, mais les capitales veulent faire le point sur les décisions prises ces dernières semaines.
Les 28 ont «pris des engagements politiques clairs sur la gestion des frontières, la relocalisation (de réfugiés, ndlr), l’aide humanitaire: il est temps qu’ils accélèrent le travail pour faire de ces promesses une réalité sur le terrain», les a pressés le commissaire européen en charge du dossier, Dimitris Avramopoulos.
«Nous sommes tout simplement trop lents au regard du nombre toujours élevé de réfugiés qui arrivent en permanence», a insisté le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière.
Il a notamment pointé du doigt la lenteur de la répartition des réfugiés entre États, à partir de «hotspots» (centres d’enregistrement) en Grèce et en Italie, «qui ne fonctionnent pas correctement». Sur les 160 000 réfugiés devant être «relocalisés» dans toute l’UE sur deux ans, quelque 150 seulement l’ont été à ce stade.
«Il y a aujourd’hui urgence» a renchéri son homologue français Bernard Cazeneuve, exhortant les Etats membres à «accélérer le mouvement» sur plusieurs fronts. Parallèlement à la mise en oeuvre des relocalisations, il a notamment insisté pour que les Européens reconduisent rapidement aux frontières «ceux qui ne relèvent pas du statut de réfugiés en Europe».
Pas de répit
Des milliers de migrants continuent de faire marche vers les portes de l’UE, par bateau, entre les côtes turques et les îles grecques de la mer Egée, puis en ferry jusqu’au continent, mais aussi à pied, en train, en bus, pour traverser les Balkans vers le nord de l’Europe.
Le flux avait été interrompu quelques jours en raison de la grève des ferries grecs entre les îles égéennes et le continent. Mais depuis sa levée vendredi, quelque 15.000 migrants ont été acheminés vers le port du Pirée, continuant immédiatement leur route vers le nord.
Sur l’île grecque de Lesbos, le flot de migrants venant de Turquie ne se tarit pas, à la faveur d’une météo clémente pour la saison. Un photographe a vu lundi matin une dizaine d’embarcations avec chacune plusieurs dizaines de passagers, débarquer sur les plages du nord de l’île.
Lundi matin, à Eidomeni sur la frontière macédonienne, une centaine d’autobus formaient une longue file. «Des cars ne cessent d’arriver chargés de réfugiés qui avaient été bloqués ces derniers jours sur les îles grecques par la grève des bateaux.
La situation n’est pas facile mais gérable», a affirmé un représentant sur place du Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés, Alexandre Voulgaris. Il estime que 10 000 migrants devraient passer la frontière dans la journée.
Plus de 750 000 réfugiés et migrants sont déjà arrivés depuis le début de l’année en Europe, selon l’ONU, qui table sur l’arrivée en Europe de 600 000 personnes ces quatre prochains mois, par la Turquie.
A Bruxelles, les ministres de l’Intérieur de l’UE doivent aussi faire le point sur le soutien promis aux pays des Balkans, qui craignent une catastrophe humanitaire avec l’arrivée de l’hiver et se sont engagés, avec la Grèce, à créer 100 000 places d’accueil.
Le contrôle des frontières extérieures de l’UE, la lutte contre les passeurs et les retours de migrants illégaux seront aussi au menu du sommet de Malte mercredi et jeudi.
Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE doivent y rencontrer leurs homologues africains pour s’attaquer aux «causes profondes» qui poussent tant d’Africains à tenter de gagner l’Europe au péril de leurs vies.
Toujours à La Valette, les Européens ont ensuite prévu de faire une nouvelle fois le point entre eux, lors d’un sommet jeudi après-midi au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement.
AFP/M.R.