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Crise migratoire : chaos à Budapest, afflux record en Autriche et Allemagne


Des migrants protestent contre l'évacuation de la gare internationale de Budapest, le 1er septembre 2015, en Hongrie. (Photo AFP)

La Hongrie a fermé mardi la principale gare de Budapest à des centaines de migrants espérant rejoindre l’Autriche ou l’Allemagne, des pays enregistrant un afflux record, alors que l’Europe reste divisée face à sa plus grande crise migratoire depuis la Deuxième guerre mondiale.

Plus de 350 000 personnes ont risqué leur vie depuis le début de l’année en traversant la Méditerranée, et 2 643 personnes sont mortes en mer pour avoir tenté de rallier l’Europe, a révélé par ailleurs mardi l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), donnant la mesure du phénomène.

A Budapest, les autorités ont fait évacuer la gare de Keleti après que quelque 500 migrants eurent tenté de monter, dans le chaos, à bord du dernier train qui devait partir pour Vienne à 07h10 GMT.

La gare a pu rouvrir, mais a été interdite d’accès aux migrants.

L’évacuation, encadrée par plusieurs centaines de policiers dont certains en tenue antiémeutes, s’est effectuée sans incidents mais a provoqué une manifestation spontanée de 200 personnes devant la gare criant «Allemagne, Allemagne!», et «Nous voulons partir !».

«Je suis furieux», a déclaré Haider, un Afghan de 31 ans, déchirant son billet de train. «Pourquoi les Hongrois ne nous laissent-ils pas tout simplement partir ? J’ai travaillé comme traducteur pour l’armée américaine pendant quatre ans».

La veille, les autorités hongroises avaient fini par autoriser les candidats à l’exil à quitter leurs camps improvisés à l’extérieur des gares de la capitale. Conséquence : un total de 3 650 migrants, dont beaucoup sans visas, sont arrivés lundi à Vienne, un record cette année pour une seule journée.

Un grand nombre d’entre eux ont passé la nuit de lundi à mardi dans la gare de Westbahnhof à Vienne, espérant poursuivre leur voyage vers l’Allemagne, qui a renoncé à renvoyer les Syriens vers leur point d’entrée dans l’UE, s’engageant du même coup à traiter leurs demandes d’asile.

D’autres migrants ont pu monter lundi dans des trains à destination de la ville autrichienne de Salzbourg ou de Munich, dans le sud de l’Allemagne.

Selon la police allemande, 2 200 demandeurs d’asile sont arrivés entre lundi matin et mardi matin en Bavière depuis l’Autriche, un record pour cette région.

« Le plus grand défi pour l’Europe »

Cet afflux de populations fuyant la guerre, les persécutions et la pauvreté au Moyen-Orient et en Afrique constitue «le plus grand défi pour l’Europe pour les années à venir», a estimé mardi le Premier ministre espagnol Marian Rajoy à Berlin, le continent connaissant son plus grand mouvement migratoire depuis 70 ans.

Mardi encore, l’Italie a annoncé avoir secouru 221 migrants massés dans deux bateaux gonflables au large des côtes libyennes. Plus au nord, la Belgique a enregistré un flux sans précédent d’arrivées et un campement s’est improvisé près du principal centre d’enregistrement des réfugiés à Bruxelles, devant lequel un millier de personnes patientaient lundi.

En Suède, l’Agence des migrations a indiqué mardi que le nombre de demandes d’asile dans le pays avait approché la semaine dernière son record historique. «Toute l’Europe se trouve désemparée», a commenté une analyste de cette administration.

Mais les 28 pays membres de l’Union européenne restent divisés, avant une nouvelle réunion d’urgence prévue le 14 septembre. Plusieurs responsables occidentaux ont récemment critiqué les pays de l’Est membres de l’UE pour leur manque d’empressement à accueillir des migrants mais aussi les institutions européennes.

«Nous devons maintenant travailler à réussir la mise en place d’une politique d’asile commune (…) et non pas nous accuser les uns les autres, nous devons changer les choses», a jugé dans ce contexte mardi la chancelière Angela Merkel.

L’Allemagne, qui s’attend à devoir enregistrer 800.000 demandes d’asile en 2015, un record européen, milite pour la mise en place de quotas d’accueil par pays, une idée rejetée par de nombreux Etats.

«La priorité de l’Europe reste d’empêcher les migrants de perdre la vie en tentant de rejoindre l’Europe», a déclaré mardi le président du Conseil européen Donald Tusk, en visite à Zagreb, condamnant toute «réaction hostile, raciste ou xénophobe» sans se prononcer sur l’organisation concrète de l’accueil.

Les personnes se rendant par la route de Hongrie en Autriche devaient quant à elles continuer mardi à patienter dans de gigantesques bouchons près de la frontière. La police arrête chaque camion, fourgon ou voiture, dans le but de mettre la main sur des passeurs.

Ces mesures ont été mises en place dimanche soir, trois jours après qu’un camion abandonné a été découvert dans l’Etat du Burgenland, près de la frontière avec la Hongrie, avec 71 cadavres de migrants en décomposition.

AFP/M.R