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Crise des Rohingyas en Birmanie : le bilan pourrait dépasser un millier de morts


La minorité des Rohingyas est victime de génocide en Birmanie, dénoncent les musulmans à travers le monde. (photo AFP)

Plus d’un millier de personnes, essentiellement membres de la minorité musulmane des Rohingyas, pourraient avoir été tuées dans les violences dans l’État Rakhine, en Birmanie, a déclaré vendredi la rapporteuse spéciale de l’ONU pour ce pays.

« Il se peut qu’un millier de personnes ou plus aient déjà été tuées », a déclaré Yanghee Lee, avançant une estimation deux fois plus importante que celle du gouvernement birman. « Il y en a des deux côtés mais les victimes se concentrent largement dans la population Rohingya », a-t-elle ajouté dans un entretien à l’Université Sungkyunkwan de Séoul, où elle enseigne. « Je crois que cela va être une des pires catastrophes que le monde et la Birmanie aient vues ces dernières années. »

D’après le Haut Commisariat aux réfugiés (HCR), 270 000 Rohingyas se sont réfugiés au Bangladesh depuis le 25 août. Ils fuient les violences dans leur région depuis les attaques contre des postes de police par les rebelles de l’Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA), qui dit vouloir défendre les droits bafoués de cette minorité musulmane.

Depuis, l’armée birmane a lancé une vaste opération dans cette région pauvre et reculée, qui a fait selon les forces de sécurité un total de 432 morts, dont 387 « terroristes ». Les autorités ont affirmé avoir perdu 15 membres des forces de sécurité depuis les attaques d’août et ajoutent que 30 civils ont péri – sept Rohingyas, sept hindous et 16 bouddhistes de l’État Rakhine. « Il est fort possible que ces chiffres soient sous-estimés », a déclaré Yanghee Lee. « Ce qui est malheureux, ce qui est grave, c’est que nous ne puissions les vérifier parce que nous n’avons pas accès. »

Aung San Suu Kyi doit « montrer davantage de compassion »

Les autorités birmanes ont par ailleurs affirmé que 6 600 maisons de Rohingyas et 201 habitations de non musulmans avaient été brûlées depuis le 25 août. Yanghee Lee a émis des doutes sur les affirmations des autorités birmanes selon lesquelles les Rohingyas incendieraient leurs propres maisons. « Si vous fuyez devant des gens qui ont des armes et que c’est humide, comment pouvez-vous incendier votre propre maison ? », a-t-elle demandé.

La crise a largement écorné à l’international l’image d’icône d’Aung San Suu Kyi du fait de son refus obstiné de défendre les Rohingyas. Une pétition a été lancée pour réclamer le retrait de son Prix Nobel de la Paix 1991. Yanghee Lee a exhorté l’ex-dissidente, à la tête du gouvernement, à « montrer au monde que ce pour lequel elle s’est battue était une Birmanie libre et démocratique ». « Elle doit vraiment montrer davantage de compassion envers tous les habitants de Birmanie », a-t-elle poursuivi. « Ce qu’on oublie, c’est qu’elle est une femme politique dans l’âme. Les gens attendent d’elle qu’elle soit cette très haute autorité morale mais elle est une femme politique et quelle est la chose la plus importante pour une femme politique ? Être élue », a-t-elle poursuivi. « Je crois qu’il faut effacer de nos mémoires l’icône emprisonnée de la démocratie. »

Le Quotidien/AFP