Les éléments qui ressortent de l’enquête sur le crash de l’A320 de la Germanwings, le 24 mars 2015, montrent que le copilote Andreas Lubitz rencontrait de nombreux problèmes psychologiques.
Courriels adressés à son psychiatre, rapports médicaux… Pendant les semaines qui ont précédé le crash suicide de l’A320 de la Germanwings, dans les Alpes, son copilote Andreas Lubitz s’est confié au corps médical. Il allait bien depuis sa sortie de dépression, en 2009. Mais fin 2014, selon Le Parisien, Andreas Lubitz est miné par un problème de vue aussi inquiétant qu’inexpliqué.
Début décembre 2014, le mal vire à l’obsession, mais aucun diagnostic n’est encore posé : un voile sombre obstrue son champ visuel le jour, tandis que des halos apparaissent la nuit autour des points de lumière. Peu avant Noël, c’est le choc : un examen révèle un début de DMLA, une maladie dégénérative qui peut rendre aveugle. Pour celui qui est parvenu à réaliser son rêve, devenir pilote de ligne, le diagnostic tombe comme une condamnation.
«Je subis parfois des attaques de panique»
Pourtant, ce diagnostic est infirmé par d’autres spécialistes – qui ne parviennent cependant pas à identifier la maladie. L’Allemand, terriblement angoissé, en perd le sommeil : «Je continue à passer des nuits où je ne dors pas du tout. Mon temps de sommeil maximal est de deux heures par nuit», écrit Lubitz dans son courriel du 10 mars au psychiatre. Il évoque aussi «parfois des attaques de panique par rapport à (ses) yeux».
Entre-temps, il consulte à tout-va : généralistes, ORL, ophtalmologues… En mars, il voit pas moins de sept médecins. L’un d’eux, rencontré fin février – un mois avant le drame – se souvient d’un homme «peu sûr de lui, qui donnait l’impression d’être sous pression». Il explique aux policiers s’être alors dit : «Mon Dieu, je n’ai pas envie que cet homme-là soit aux commandes d’un avion», explique Le Parisien.
Le mal n’est finalement pas physique, mais psychologique, selon les derniers examens, début mars. «Nous avions déjà parlé de psychologues, mais il est vrai que l’approche de la psychologie des profondeurs souvent utilisée me fait me sentir mal à l’aise et incompris. Bien entendu, on peut trouver des déclencheurs qui doivent être travaillés, mais il me faudrait d’urgence de l’aide pour pouvoir dormir. Si je n’avais pas ce problème aux yeux, tout irait bien. Il n’y a, en principe, aucune raison que j’aie ce problème maintenant», avait écrit Lubitz, le 10 mars à son psychiatre. Lequel, dès sa lecture, tranche : «Soupçons de psychose menaçante.»
«Suspicion de psychose. Complexe de troubles psychosomatiques», souligne une généraliste les 10 et 12 mars, avant de le placer en arrêt maladie jusqu’au 30 mars. «Ressasse, à l’évidence. Agitation, tension, nervosité», note encore le psychiatre de Lubitz, le 16 mars, avant de le placer lui aussi en arrêt maladie : il ignore que son patient a consulté quelqu’un d’autre… et qu’il ne respecte pas son arrêt maladie.
Il précise toutefois qu’il n’identifie «pas de délires, pas d’hallucinations, pas de tendance suicidaire». Il lui prescrit un puissant somnifère.
Aucun signe alarmant, en revanche, n’apparaît juste avant le drame : la compagne de Lubitz confie aux enquêteurs que, la veille, le 23 mars, il semblait apaisé, calme, normal. Trois jours plus tôt, le 20 mars, le dernier examen médical du copilote montre des progrès : «A pu dormir un peu mieux», relève son psychiatre, qui veut pousser son patient à chercher dans sa vie privée ce qui le préoccupe. Sans rien d’inquiétant non plus : «Rapport avec les parents, O. K. Amis, O. K. Job de ses rêves. Aime sa femme par-dessus tout.»
Quatre jours plus tard, Andreas Lubitz précipite l’A320 de la Germanwings dans les Alpes, emportant avec lui les vies des 149 personnes à bord de l’appareil.