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Crash en Russie : l’acte terroriste n’est pas en tête des pistes


Des soldats russes déposent des roses rouges devant l'immeuble de l'"Ensemble Alexandrov" le 26 décembre 2016 à Moscou. (Photo : AFP)

L’acte terroriste n’est pas en tête des pistes privilégiées dans l’enquête sur le crash du Tupolev Tu-154 qui s’est abîmé en mer Noire avec 92 personnes à son bord, a indiqué lundi le Kremlin.

«Pour l’heure, aucune version n’émerge clairement», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. «Toutes les versions sont étudiées et il est trop tôt pour dire quelque chose avec certitude. Mais comme vous le savez, la thèse d’un acte terroriste est loin d’être en tête de liste». Des milliers de soldats, sauveteurs et plongeurs fouillaient lundi la mer Noire pour retrouver les débris et les corps des 92 personnes à bord de l’avion de l’armée militaire.

Plus de vingt-heures après la disparition du Tu-154, la cause du crash n’est toujours pas connue, experts et commentateurs mettant plus en avant l’âge du modèle de l’avion que la possibilité d’un attentat. Parmi les 84 passagers et huit membres d’équipage de l’appareil qui s’est écrasé deux minutes et 44 secondes après son décollage de la station balnéaire de Sotchi, se trouvaient 64 membres des Chœurs de l’Armée Rouge qui allaient célébrer le Nouvel An avec les troupes en Syrie.

Cette catastrophe a suscité une vive émotion en Russie où l’Ensemble Alexandrov –connu lors de ses tournées triomphales dans le monde entier sous le nom de Choeurs de l’Armée Rouge– est considéré comme l’un des symboles du pays, une fierté nationale. Une gigantesque opération de recherche est toujours en cours pour retrouver les débris et les boîtes noires de l’appareil. Elle a été élargie jusqu’à six kilomètres au large des côtes russes, a déclaré un vice-ministre de la Défense, Pavel Popov.

Au total, plus de 3 500 personnes, dont plus de 150 plongeurs, 39 bateaux, ainsi que cinq hélicoptères et des drones participent aux recherches. Les autorités d’Abkhazie, une république séparatiste géorgienne dont l’indépendance a été reconnue par Moscou, prennent part aux recherches. Le ministre des Transports Maxime Sokolov, qui s’est exprimé à l’issue d’une réunion de la commission spéciale créée dans la foulée de ce drame, a assuré lundi matin que «les pistes privilégiées aujourd’hui n’incluent pas l’acte terroriste».

«Les raisons peuvent être variées. Des spécialistes du Comité d’enquête les analysent», a-t-il ajouté selon des propos retransmis à la télévision russe, évoquant «un problème technique ou une erreur de pilotage». Onze corps et plus de 150 fragments de l’avion ont jusqu’à présent été retrouvés par les équipes de recherche, a pour sa part déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, dans un communiqué. Il a ajouté que 10 de ces corps avaient été transférés à Moscou où ils doivent être identifiés.

Les boîtes noires de l’appareil n’ont pas encore été localisées mais le commandant des forces aériennes russes, Viktor Bondarev, s’est dit «certain» qu’elles n’ont pas été endommagées, ajoutant espérer qu’elles soient retrouvées dans la journée de lundi.

Journée de deuil

Vladimir Poutine a décrété une journée de deuil lundi «sur l’ensemble du territoire de la Russie» et prôné une «enquête soignée (…) pour déterminer les causes de la catastrophe». Selon le ministère de la Défense, le Tupolev Tu-154 a disparu des écrans-radars à 02H27 GMT, après son décollage de l’aéroport de Sotchi, dans la commune d’Adler, sur les côtes de la mer Noire. Il se rendait à la base aérienne de Hmeimim, près de Lattaquié en Syrie.

L’appareil parti de l’aérodrome de Tchkalovski, près de Moscou, avait fait escale à Sotchi pour être ravitaillé en kérosène. Les membres des Choeurs de l’Armée rouge se rendaient en Syrie pour célébrer le Nouvel An avec les soldats russes qui y sont déployés depuis septembre 2015 en soutien au régime de Bachar al-Assad, allié de longue date de la Russie. L’avion transportait également neuf journalistes des chaînes de télévision Pervy Kanal, NTV et Zvezda, deux hauts fonctionnaires civils et la responsable d’une organisation caritative respectée en Russie, Elizavéta Glinka.

Cette dernière, connue du grand public sous le nom de «Docteur Liza», emmenait des médicaments destinés à l’hôpital universitaire de Lattaquié (nord-ouest) selon le Conseil consultatif pour les droits de l’Homme auprès du Kremlin. Selon le ministère de la Défense, l’appareil était exploité depuis 33 ans et comptait 6.689 heures de vol. Il avait été réparé pour la dernière fois en décembre 2014 et révisé en septembre dernier.

Quelque 4 300 militaires russes sont déployés en Syrie et la Russie, qui a également des installations portuaires militaires à Tartous (nord-ouest), continue de renforcer sa présence dans ce pays en proie à un sanglant conflit depuis 2011.

Le Quotidien/afp