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Crash du F-16 en Espagne : une panne, un virage à 45 degrés puis l’horreur (Vidéo)


L’avion de combat F-16 grec qui s’est écrasé lundi sur une base espagnole, tuant onze personnes, a eu une panne au décollage puis fauché pilotes et mécaniciens qui s’affairaient au sol. « Une scène d’horreur », a raconté jeudi l’armée française.

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En quelques secondes, un déluge de flammes s’est abattu sur les mécaniciens qui préparaient les avions au sol et sur les équipages déjà installés dans les cockpit. (Photo : AFP)

« C’est un accident absolument improbable d’un avion qui a une panne au décollage, qui dévie très fortement de sa course et qui vient tomber juste à l’endroit où nous avions des avions qui étaient en train de mettre en route, donc pleins de pétrole pour partir », a expliqué lors d’un point-presse à Paris le général Denis Mercier, chef d’état-major de l’armée de l’Air.

Outre les deux pilotes du F-16, neuf Français ont trouvé la mort dans le crash d’Albacete (sud-est) et neuf autres ont été blessés, dont cinq grièvement, de même que douze Italiens. Tous participaient à un exercice de très haut niveau, le TLP (Tactical Leadership Program) en vue de missions futures au sein de coalitions internationales.

« C’est une succession de malchances », a déploré le général Mercier. « L’équipage du F-16, assez rapidement, pratiquement après le décollage, a essayé de s’éjecter, donc cela confirme bien cette panne », a-t-il estimé, sans plus de détails, renvoyant à l’enquête technique en cours en Espagne. Outre la nature de la panne, aviateurs et experts s’interrogent encore sur la trajectoire de l’avion qui, après avoir décollé, a dévié de 45 degrés avant d’aller percuter au sol avions français et italiens.

Les boîtes noires du F-16, qui ont été « retrouvées » et « retirées » des restes de l’appareil, vont permettre de savoir rapidement ce qui s’est passé, a souligné Denis Mercier. Leur contenu doit être analysé par les spécialistes de l’armée de l’Air grecque. « Au moment de l’accident, deux Mirage 2000-5 (français) venaient de décoller (…) certains avions de la coalition du jour étaient en train de décoller eux-mêmes. Le dernier des quatre F-16 grecs a eu un problème », a-t-il dit.

Une telle concentration d’appareils au décollage s’inscrit dans le cadre des entraînements à des « missions complexes » au sein de coalitions, a-t-il noté. « Les gens partent tous ensemble parce qu’ils s’exercent à travailler tous ensemble », a-t-il dit, excluant un « problème de sécurité ou d’organisation » dans l’exercice.

En quelques secondes, un déluge de flammes s’est abattu sur les mécaniciens qui préparaient les avions au sol et sur les équipages déjà installés dans les cockpits et prêts à rejoindre la piste de décollage.

> Chance ou malchance pour des militaires

« Des quelques témoignages qu’on a commencé à recevoir, l’image qui vient en tête c’est le film Pearl Harbour« , a raconté le général Mercier, dans une allusion au long métrage de 2001 retraçant l’attaque japonaise surprise sur la grande base américaine du Pacifique à Hawaï en décembre 1941.

« Les gens (vaquent) à leurs occupations, tout est calme, chacun à sa place, au bon endroit, et d’un seul coup c’est l’horreur ». Mais le sang-froid, l’héroïsme, ont aussi été au rendez-vous, a assuré l’officier.

Un pilote s’est précipité pour extraire un mécanicien coincé sous un appareil. Il a eu les mains brûlées, ne pourra pas voler pendant plusieurs semaines, mais a sauvé son compagnon d’infortune, qui « fait partie de nos grands brûlés mais de ceux qui s’en tireront le mieux ».

Les mécaniciens ont « pensé à sauver les avions, à pousser les Rafale plus qu’à sauver leur propre vie », a-t-il ajouté. De fait, les deux Rafale présents sur le parking ont sans doute pris un coup de chaud mais ont été comme miraculeusement épargnés. Quatre autres appareils, Alphajet et Mirage 2000, ont été en revanche endommagés, dont certains réduits en un amas de cendres et de tôles.

La chance, ou la malchance, ont aussi décidé en quelques secondes du sort de certains aviateurs. « Dans l’Alphajet complètement détruit, l’officier (Gildas) Tison, qui faisait trois à quatre vols dans l’année, s’est installé en avance à l’arrière pour avoir le temps de réviser les procédures ». « Pendant ce temps, le pilote qui était (déjà) installé et qui avait lui oublié ses papiers est reparti à la piste et voilà », a relevé le général Mercier. Le premier est mort, le second est vivant.

Les neuf aviateurs français décédés, dont une femme navigatrice, devaient être rapatriés jeudi en fin d’après-midi à la base 133 de Nancy-Ochey (est) dont la plupart étaient originaires. Un hommage national leur sera rendu à Paris lundi.

AFP