Les vaccins contre le covid risquent de perdre en efficacité face à Omicron, mais une dose de plus pourrait y remédier. De premiers éléments, notamment donnés par le laboratoire Pfizer, éclairent la capacité du nouveau variant à résister à la vaccination.
Omicron n’est « probablement pas suffisamment neutralisé après deux doses », ont admis mercredi les groupes Pfizer et BioNTech, dont le vaccin contre le covid se donne initialement en deux injections. Mais « le vaccin est toujours efficace contre le Covid-19 (…) s’il a été administré trois fois », tempèrent-ils dans un communiqué commun, sur la base d’études non publiées.
Les deux groupes apportent de premières réponses à la principale inquiétude liée au variant Omicron, une dizaine de jours après qu’il a été repéré en Afrique du Sud. Va-t-il contourner les vaccins ? La majorité des chercheurs jugent cette hypothèse probable, au regard des nombreuses mutations présentées par Omicron.
Plusieurs fabricants de vaccins ont déjà prévenu qu’ils devraient certainement en concevoir une nouvelle version. Mercredi, Pfizer et BioNTech ont promis de le faire d’ici à mars. Mais ils se montrent rassurants sur leur vaccin actuel en assurant qu' »une troisième dose fournit un niveau d’anticorps neutralisants contre Omicron similaire à celui observé après deux doses » pour les précédentes incarnations du coronavirus.
Leurs études ont en effet mesuré en laboratoire le degré d’anticorps produits contre le nouveau variant chez des personnes vaccinées.
Grande résistance aux anticorps produits par les vaccins
Pfizer et BioNTech estiment par ailleurs que deux doses de leur vaccin sont toujours en mesure de protéger contre les conséquences sévères d’une infection à Omicron.
Les deux groupes ont communiqué ces résultats peu après que soient rendus publics d’autres travaux du même type mais menés de manière indépendante. Ces derniers confirment l’hypothèse d’un variant Omicron très fortement résistant aux anticorps produits par les vaccins. « Omicron échappe en partie à l’immunité conférée par le vaccin Pfizer », a résumé mardi l’Africa Health Research Institute (AHRI), un organisme sud-africain qui a patronné l’une de ces études.
Celle-ci, qui doit encore être relue de manière indépendante, s’est intéressée à une douzaine de personnes préalablement vaccinées par le vaccin Pfizer/BioNTech et témoigne d’un effondrement du niveau d’anticorps efficaces contre Omicron.
Parallèlement, des chercheurs allemands, qui ont aussi testé l’efficacité du vaccin Moderna, ont partagé de premiers résultats allant dans le même sens. Ces deux travaux ont utilisé « des configurations de virus et de cellules légèrement différentes » mais « leurs résultats convergent », a remarqué sur Twitter le virologue allemand Christian Drosten, qui n’y a pas participé.
Rassurant sur les formes graves
Christian Drosten, qui s’est exprimé avant les annonces de Pfizer et BioNTech, estime à titre personnel que les résultats allemands et sud-africains prouvent qu’une dose de rappel de vaccin est « nécessaire ». Les deux laboratoires ne peuvent que l’approuver puisqu’ils vantent l’efficacité d’une troisième dose sur la production d’anticorps face à Omicron.
Ce n’est pas forcément contradictoire avec l’étude sud-africaine qui constate que l’immunité par anticorps baisse moins chez les personnes qui ont non seulement été vaccinées mais aussi infectées par le coronavirus.
Cela pourrait être équivalent à trois doses de vaccin même s’il faut être très prudent à ce stade quant aux conclusions à tirer de ces études menées en laboratoires. Car le degré d’anticorps n’est qu’un indicateur très avancé de l’efficacité réelle du vaccin. L’organisme se défend par d’autres moyens dont l’immunité « cellulaire » conférée par les lymphocytes T mais plus difficile à évaluer.
En outre, les annonces de Pfizer ne donnent aucune idée de l’efficacité réelle contre Omicron des doses de rappel déjà largement distribuées dans des pays comme les États-Unis, Israël ou la France, face à la baisse progressive d’efficacité des vaccins déjà constatée avant l’apparition du variant. « Nous avons surtout besoin de données dans la vraie vie pour savoir ce qui est vraiment en train de se passer », a reconnu Willem Hanekom, directeur général de l’AHRI. « Désormais, Omicron représente plus de 90% des (corona)virus observés » en Afrique du Sud, remarque-t-il. « Nous allons voir s’il y a du changement dans le degré de protection conféré par les vaccins par rapport aux précédents variants ».
Ces réponses mettront plusieurs semaines à émerger, même si Willem Hanekom évoque de premiers éléments encourageants sur la capacité des vaccins à permettre d’éviter les formes graves, y compris via Omicron.
AFP/LQ