Sur le front du Covid-19, les bonnes nouvelles en provenance d’Europe ne doivent pas faire illusion : au niveau mondial, la pandémie ne recule pas mais « continue de s’accélérer », a prévenu lundi l’Organisation mondiale de la santé.
Alors que dans certains pays, dont la France, l’heure est à un optimisme prudent et au déconfinement, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a profité d’une conférence virtuelle organisée par l’émirat de Dubaï pour lancer une nouvelle mise en garde.
« Il a fallu plus de trois mois pour que le premier million de cas soit signalé. Le dernier million de cas a été signalé en seulement huit jours », a-t-il dit. Cela démontre que la pandémie « continue de s’accélérer ».
« Nous savons qu’elle est bien plus qu’une crise sanitaire, c’est une crise économique, sociale et, dans de nombreux pays, politique. Ses effets se feront sentir sur des décennies », a-t-il ajouté.
Virus « mortel »
La semaine dernière, le chef de l’OMS avait qualifié cette nouvelle phase de « dangereuse », estimant que, malgré le besoin de sortir du confinement, le virus continuait « de se propager rapidement » et restait « mortel ».
L’Amérique latine vient d’entrer dans l’hiver, dont il semble que les basses températures soient propices à la propagation du virus. C’est là que se situe désormais l’épicentre de la maladie.
Le Brésil, deuxième pays du monde le plus endeuillé derrière les Etats-Unis, a dépassé le seuil des 50.000 morts et des deux millions de cas confirmés, les mégalopoles de Sao Paulo et de Rio de Janeiro étant les plus sévèrement atteintes.
Ailleurs en Amérique latine, le bilan a dépassé ces derniers jours les 20.000 morts au Mexique, les 1.000 morts en Argentine et les 8.000 morts au Pérou.
La citadelle inca de Machu Picchu, principal site touristique péruvien, a reporté sine die sa réouverture initialement prévue le 1er juillet.
Dans d’autres pays, comme en Azerbaïdjan, la multiplication de nouveaux cas, à la suite d’un déconfinement trop précoce, a conduit à la mise en place de mesures strictes de reconfinement.
Jusqu’au 1er août, centres commerciaux, cafés, restaurants et salons de beauté de la capitale Bakou et des autres grandes villes seront à nouveau fermés. Les habitants ne seront autorisés à sortir qu’une « fois par jour, pour deux heures au maximum, après avoir reçu par texto une permission » des autorités, a déclaré le Premier ministre Ali Asadov.
En revanche plusieurs pays d’Europe, submergés au printemps par la maladie, continuent d’alléger les mesures de précaution à la faveur d’un répit de l’épidémie.
Cinéma à minuit
Ainsi, l’Espagne est sortie dimanche de l’état d’urgence sanitaire et a rouvert sa frontière avec la France, pour le plus grand plaisir des touristes qui ont pu retrouver les plages de la Méditerranée.
En France, les salles de cinéma et les casinos sont autorisés à rouvrir depuis lundi. Certaines salles, comme le cinéma Les 5 Caumartin à Paris, ont programmé des séances dès 00h01. Les spectateurs y ont eu droit à un accueil VIP et à du popcorn gratuit.
« Quand on a su qu’il y avait ici une séance de minuit pour fêter le jour de la reprise, on a réservé immédiatement. C’est une super idée pour marquer l’événement. Ce n’est pas notre horaire habituel mais ça nous fera un joli souvenir après ces semaines difficiles », s’est enthousiasmée Loriane, venue avec une amie assister à une avant-première de la comédie française « Les Parfums », de Grégory Montel.
Toujours en France, l’école redevient obligatoire lundi pour tous les élèves, à l’exception des lycéens, à deux semaines des grandes vacances d’été.
Les écoles françaises avaient déjà partiellement rouvert en mai, mais les parents étaient libres d’y envoyer leurs enfants ou non.
« Ils sont clairement mieux à l’école avec leurs copains, même pour deux semaines. Ça remet un peu de rigueur. Sinon ça leur ferait six mois de vacances et pour récupérer ça derrière, c’est compliqué », a estimé Ghyslain Tinarage, père de deux enfants de 10 et 11 ans dans le sud de la France.
Le Covid-19 a tué officiellement au moins 468.518 personnes dans le monde et en a contaminé plus de 8,9 millions, dont 4,2 millions considérés aujourd’hui comme guéris, depuis que la Chine a fait état de l’apparition en décembre de la maladie.
Aux Etats-Unis, pays le plus fortement touché, le bilan était dimanche de 119.977 morts pour près de 2,3 millions de cas, selon l’Université Johns Hopkins.
L’Asie, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Océanie sont sous le seuil du million de cas. Mais un rebond inquiète la Chine depuis la semaine dernière avec plus de 220 nouveaux cas dont 22 dimanche.
AFP