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Covid-19 : les États-Unis dépassent les 200 000 morts


Seuls les cancers et les maladies cardiovasculaires devraient tuer plus que le Covid-19 cette année dans le pays. (Photo : AFP)

À six semaines de l’élection présidentielle, les États-Unis ont enregistré mardi leur 200 000e décès attribué au Covid-19, selon l’université Johns-Hopkins, le coronavirus continuant à tuer des centaines d’Américains chaque jour.

Le bilan de référence de l’université basée à Baltimore a affiché 200 005 décès mardi matin, sur 6,9 millions de cas recensés dans le pays, le plus durement touché dans le monde. Une mortalité que plusieurs modèles avaient anticipée depuis le mois d’août. Le « Covid sera la troisième cause de décès cette années aux États-Unis, plus que les accidents, les accidents vasculaires cérébraux et Alzheimer », a tweeté Tom Frieden, ancien directeur des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC). « Nous sous-estimons ce virus à notre péril, et au péril de ceux que nos décisions affectent. » Seuls les cancers et les maladies cardiovasculaires devraient tuer plus que le Covid-19 cette année dans le pays. Même si le bilan réel du virus est sous-estimé en raison du manque de tests au début de la pandémie.

Sur les sept derniers jours, environ 5 300 personnes sont mortes du virus aux États-Unis, contre quelque 2 000 dans l’Union européenne, selon des données compilées par l’AFP à partir de sources officielles. Rapporté à la population, le coronavirus tue chaque jour quatre fois plus en Amérique qu’en Europe. Au moins 6 000 patients sont hospitalisés dans un service de réanimation, et 1 500 sous respirateur artificiel, selon le Covid Tracking Project. Comme le virus est plus diffusé géographiquement qu’au printemps et ne provoque pas les scènes d’hôpitaux submergés qu’on a vues alors à New York, il n’apparaît pas au centre des préoccupations de Donald Trump, qui fait campagne pour sa réélection le 3 novembre. Le président américain est focalisé cette semaine sur le choix du ou de la juge appelée à remplacer Ruth Bader Ginsburg à la Cour suprême, après son décès vendredi.

Quant à la pandémie, malgré la circulation très active du virus dans le centre des États-Unis, le dirigeant n’envisage pas de nouvelles mesures de restrictions comme ailleurs dans le monde, notamment en Europe où l’épidémie repart. Il parie sur l’approbation d’un vaccin d’ici la fin du mois d’octobre. « Nous distribuerons un vaccin, nous vaincrons le virus, nous mettrons fin à la pandémie et nous entrerons dans une nouvelle ère inédite de prospérité, de coopération et de paix », a déclaré Donald Trump mardi dans un message pré-enregistré pour l’Assemblée générale de l’ONU. Le nombre de doses d’un éventuel vaccin sera pourtant très limité dans les premiers mois.

Plusieurs dizaines ou centaines de milliers d’Américains pourraient encore mourir

D’ici le deuxième trimestre 2021, quand en théorie suffisamment de doses auront été fabriquées pour vacciner les 330 millions d’Américains, tout indique qu’à ce rythme, plusieurs dizaines ou centaines de milliers d’Américains pourraient encore mourir. « L’Amérique a payé un tribut plus lourd qu’aucun autre pays du monde », a déclaré lundi Joe Biden, son adversaire démocrate pour la Maison-Blanche. « À cause des mensonges et de l’incompétence de Donald Trump depuis six mois, nous avons subi des pertes parmi les plus graves de l’histoire américaine. » Le président a minimisé en public dès le départ la gravité de la pandémie, cachant aux Américains en février qu’il savait que le virus était transmissible par voie aérienne et qu’il était plus dangereux que la grippe, selon des entretiens à l’époque avec le journaliste Bob Woodward. Son gouvernement a stoppé un plan de distribution générale de masques préparé par la Poste américaine, et forcé les autrefois prestigieux CDC à édulcorer leurs consignes pour encourager le retour à la normale.

Dernier épisode en date de cacophonie : les CDC ont écrit vendredi sur leur site que le coronavirus était principalement transmis par « des gouttelettes respiratoires ou de petites particules, telles que celles dans les aérosols, produits quand une personne infectée tousse, éternue, chante, parle ou respire ». L’hypothèse de la transmission par des microgouttelettes restant en suspension dans l’air pendant des minutes ou des heures, appuyée par un nombre croissant d’études, n’était pas jusqu’à présent reconnue comme principale par les experts des CDC ou de l’Organisation mondiale de la santé. Mais lundi, les CDC ont retiré ce texte, arguant qu’il avait été mis en ligne « par erreur ».

LQ/AFP