Fin des jauges, du port du masque en extérieur, du télétravail obligatoire: après d’autres pays européens, la France commence mercredi à lever les restrictions liées au Covid malgré un nombre de contaminations toujours très haut.
Le 20 janvier dernier, le gouvernement avait dégagé un peu l’horizon des Français, bouché par près de deux ans de pandémie, en détaillant un calendrier d’allègement des contraintes pesant sur la vie quotidienne. A la faveur du nouveau pass vaccinal, qui a remplacé fin janvier l’ancien pass sanitaire, « nous pourrons courant février lever la plupart des restrictions prises pour freiner l’épidémie », avait promis le Premier ministre, Jean Castex. Promesse tenue: l’allègement des contraintes prend effet ce mercredi.
Désormais le port du masque ne sera plus obligatoire en extérieur, les jauges dans les lieux recevant du public assis (stades, établissements culturels…) seront abandonnées et le télétravail ne sera plus obligatoire, mais seulement recommandé.
« C’est un gros soulagement », a réagi auprès de l’AFP Sylvie Chauchoy, directrice du Zénith de Strasbourg, le plus grand Zénith de France. « On a quand même eu un genou à terre le 27 décembre » à l’annonce des jauges. « On est soulagé, on va retravailler mais maintenant, il faut qu’on vende de la billetterie, le ticket ne se vend pas actuellement. On a cette épée de Damoclès au-dessus de nous », ajoute-t-elle.
Deux semaines plus tard, le 16 février, ce sont les discothèques, fermées depuis le 10 décembre, qui pourront rouvrir et les concerts debout seront à nouveau autorisés. La consommation au comptoir sera également possible dans les bars. Tout comme la consommation dans les stades, les cinémas et les transports. D’autres pays européens ont déjà desserré fortement leurs restrictions, à l’instar de l’Angleterre et du Danemark. Dans ce pays, même le pass sanitaire n’est plus obligatoire.
« Un plateau »
Aux yeux des autorités, la levée des contraintes est notamment justifiée par le fait que la menace sanitaire due au variant Omicron est limitée, puisqu’il est moins dangereux que ses prédécesseurs, bien que nettement plus contagieux. « C’est un choix politique, dans une situation sanitaire qui évolue très lentement et où tout le monde aspire au monde d’après », commente Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon, à Paris.
Selon lui, la décrue n’est pas encore confirmée: « On a l’impression qu’on n’est pas encore arrivé à la descente d’un pic mais plutôt sur un plateau ». En moyenne sur sept jours, plus de 334.000 nouveaux cas d’infection au coronavirus ont été enregistrés en France lundi, un chiffre qui baisse chaque jour légèrement depuis le milieu de semaine dernière.
Mais le nombre de cas reste à des niveaux jamais vus avant l’arrivée fin 2021 du variant Omicron. Et si la situation semble stable dans les services de soin critiques, le nombre de patients hospitalisés se maintient à un niveau élevé.
« Pour les semaines à venir, il y a une grande part d’incertitude », reconnaît Gilles Pialoux. Fallait-il attendre avant de desserrer l’étau ? « Abandonner le masque à l’extérieur risque de se traduire par une diminution de son utilisation dans les espaces fermés », s’inquiète-t-il. « La circulation du virus reste extrêmement élevée et les infections ne vont pas retomber d’un coup après le pic », met aussi en garde l’épidémiologiste Mircea Sofonea.
« Dans la mesure où on allège des contraintes sans pour autant mettre en place en même temps des mesures de freinage comme l’installation de capteurs de CO2 » pour évaluer le niveau de contamination de l’air intérieur, la décrue pourrait être très lente, prévient-il. Le virus circule particulièrement dans les écoles, la grande majorité des enfants n’étant à ce jour pas vaccinés.
Jean Castex a envisagé un allègement du protocole sanitaire pour les établissements scolaires au retour des vacances de février, soit pas avant le 7 mars, date où tous les enfants (des trois zones) seront rentrés de vacances.