Les éléments clés du système international de contrôle des armements « s’effondrent », a alerté lundi le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, appelant à préserver le traité nucléaire INF et éviter une nouvelle course aux armes nucléaires.
« Je vais être direct. Les principaux éléments de l’architecture internationale de contrôle des armements s’effondrent », a mes en garde Antonio Guterres devant la Conférence du désarmement à l’ONU à Genève. Il a notamment expliqué que « l’utilisation continue des armes chimiques en toute impunité est à l’origine d’une nouvelle prolifération » et que « des milliers de civils continuent de perdre la vie à cause des armes légères illicites et de l’utilisation en zone urbaine d’armes explosives conçues pour les champs de bataille ».
En outre, a-t-il dit, « les nouvelles technologies d’armement intensifient les risques d’une manière que nous ne comprenons pas encore et que nous ne pouvons même pas imaginer ». « Nous avons besoin d’une nouvelle vision du contrôle des armements dans le contexte complexe actuel en matière de sécurité internationale », a souligné le secrétaire général des Nations unies. Antonio Guterres a déploré que les États recherchent désormais « la sécurité » non pas à travers la « diplomatie », mais « en développant et en accumulant de nouvelles armes ». « La situation est particulièrement dangereuse en ce qui concerne les armes nucléaires », a-t-il précisé.
Le monde « comme un somnambule »
Cet appel intervient après le retrait de Washington d’un traité de la Guerre froide, le traité INF, interdisant les missiles sol-sol d’une portée de 500 à 5 500 km, les États-Unis accusant la Russie d’avoir enfreint les dispositions de ce traité phare de la Guerre froide, signé en 1987. En retour, Moscou a fait de même, dénonçant des « accusations imaginaires » de la part des États-Unis pour motiver leur sortie du traité. Sauf coup de théâtre, le traité deviendra caduc en août.
« La disparition du traité INF (…) rendrait le monde moins sûr et plus instable. Cette insécurité et cette instabilité seront vivement ressenties ici en Europe », a affirmé Antonio Guterres. « Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de revenir à la concurrence nucléaire effrénée des jours les plus sombres de la Guerre froide », a-t-il alerté, appelant « les parties au traité INF à utiliser le temps qu’il leur reste pour engager un dialogue sincère sur les différents points qui ont été soulevés ».
« Il est très important que ce traité soit préservé », a-t-il insisté, demandant également à Moscou et Washington de prolonger le traité New Start de réduction des arsenaux nucléaires, qui arrive à échéance en 2021. Dernier traité bilatéral de contrôle des armements, le New Start, signé en 2010, prévoit une réduction des arsenaux nucléaires stratégiques américain et russe, propres à annihiler la planète. « Les États ne peuvent pas laisser le monde se diriger comme un somnambule vers une nouvelle course aux armements nucléaires », a martelé Antonio Guterres, déplorant que la Conférence du désarmement, unique instance multilatérale pour les négociations sur le désarmement, « n’a entrepris aucune négociation en 20 ans » sur la question de l’interdiction des armes nucléaires.
LQ/AFP