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Coup d’État en Birmanie : l’ONU enquête sur des crimes contre l’humanité


Sur cette photo du 2 mars 2021, le cercueil de Nyi Nyi Aung Htet Naing, décédé d'une blessure par balle alors qu'il participait à une manifestation contre le coup d'État militaire, est transporté lors de ses funérailles à Yangon. (Photo AFP)

Plus de mille personnes pourraient avoir été tuées depuis le coup d’État en Birmanie dans des circonstances pouvant être qualifiées de crimes contre l’humanité ou de crimes de guerre, a déclaré lundi le chef des enquêteurs de l’ONU.

Le 1er février 2021, l’armée birmane renversait la dirigeante civile Aung San Suu Kyi et mettait fin à une décennie de transition démocratique, opérant depuis une répression sanglante.

« Tragiquement, les informations reçues au cours de l’année dernière suggèrent que bien plus de mille personnes ont été tuées dans des circonstances pouvant être qualifiées de crimes contre l’humanité ou de crimes de guerre », a dit Nicholas Koumjian, à la tête du Mécanisme onusien d’enquête indépendant pour la Birmanie. « Les forces de sécurité ont détenu des milliers de civils dans des circonstances qui comportent des allégations crédibles de détention arbitraire, de tortures, de violences sexuelles et même de meurtres en détention », a-t-il ajouté dans un communiqué.

Ce mécanisme d’enquête a été « en mesure de rassembler un grand nombre de documents pertinents concernant ces événements et nous ajoutons presque quotidiennement des informations et des preuves à nos dossiers ».

Créé par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU en septembre 2018, ce mécanisme d’enquête a pour mandat de recueillir des éléments de preuve attestant de la commission de crimes internationaux les plus graves et de violations du droit international en Birmanie et de constituer des dossiers en vue de faciliter des procédures pénales.

« Ceux qui envisagent de commettre des crimes doivent savoir que les crimes internationaux graves sont imprescriptibles », a souligné Nicholas Koumjian. « La justice internationale a la mémoire très longue et, un jour, les auteurs des crimes internationaux les plus graves commis en Birmanie devront rendre des comptes », a-t-il averti, avertissant que les enquêteurs onusiens suivent « de près les événements ».

Un an après le renversement par l’armée du gouvernement civil, les poches de rébellion se multiplient et poussent la junte à intensifier la répression, des violences qui ont entraîné le déplacement de dizaines de milliers de personnes.

Près de 1 500 civils ont été tués, près de 12 000 arrêtés, d’après une ONG locale qui recense des cas de viols, de tortures et d’exécutions extrajudiciaires. Plusieurs massacres de villageois ont récemment été imputés aux militaires.