L’accusation n’a accordé aucune circonstance atténuante à l’ex-commandant du paquebot Concordia, dont le naufrage a fait 32 morts il y a trois ans près des côtes italiennes, réclamant lundi contre lui 26 ans et trois mois de prison.
Le naufrage du paquebot avait fait 32 morts, il y a trois ans. L’année dernière, le remorquage de l’épave avait nécessité la mise en œuvre d’importants moyens. (Photo : archives AFP)
« Ce n’est pas une peine exagérée », a affirmé le procureur Maria Navarro, en formulant cette demande devant le tribunal de Grosseto (Toscane) où l’ex-commandant Francesco Schettino est jugé. Et de citer la confirmation par la Cour de cassation italienne d’une peine de dix ans de prison à l’encontre du responsable d’un accident de voiture ayant fait quatre morts.
Or, dans le cas du Concordia, qui a heurté un rocher en janvier 2012 avant de couler, 32 personnes ont été tuées au cours de ce naufrage que l’accusation considère comme étant de la responsabilité de l’ex-commandant du navire. « Que Dieu ait pitié de Schettino, nous c’est impossible », a affirmé la procureure. Le parquet a également demandé l’incarcération du capitaine du Concordia pour éviter sa fuite, et une série de peines accessoires dont la déchéance de ses droits à commander un navire.
L’unique accusé de ce procès ouvert en 2013 n’était pas présent dans la salle d’audiences, installée dans le théâtre de la ville de Grosseto, pour permettre à un large public d’y assister. Le procès va se poursuivre avec la plaidoirie de ses avocats avant un verdict attendu début février. Francesco Schettino, 54 ans, est détesté dans son pays pour avoir abandonné son navire en train de couler, avec ses 4.200 passagers et membres d’équipage.
> « Erreur magistrale »
Sur les 26 ans et trois mois requis par le parquet, trois ans sont d’ailleurs pour abandon de navire. Lors de son interrogatoire serré par les procureurs, qui se sont succédé à l’audience, il a minimisé sa responsabilité, s’efforçant d’apparaître comme un commandant mal informé par son équipage.
Faux, a tenté de démontrer l’accusation dans un réquisitoire de plus de dix heures tout au long de la semaine dernière : Schettino a commis « une erreur magistrale », a résumé l’un des procureurs, Alessandro Leopizzi. Il « commande le plus gros navire commercial de la marine italienne, mais regarde à peine les écrans radar. Il commet une erreur magistrale », en situant mal le navire, a-t-il expliqué. « Avec trente secondes de plus », l’accident aurait pu être évité, s’est défendu de son côté Francesco Schettino.
L’équipage « croyait être sur un Concorde, pas sur le Concordia », a-t-il déclaré samedi en évoquant la course du bateau vers les rochers en raison d’une route trop proche de la côte de l’île du Giglio. « Je suis prêt à assumer une part de responsabilité. Mais il s’agit d’une part seulement », a-t-il ajouté, alors que le capitaine représente pour l’opinion publique le principal responsable de la tragédie, entre autres parce qu’il a abandonné son navire alors qu’il restait encore des centaines de personnes à bord.
Surnommé par la presse italienne « le capitaine couard », Francesco Schettino doit répondre de multiples homicides, abandon de navire et dommages à l’environnement. Le Costa Concordia, paquebot de 290 mètres de long, qui naviguait trop près de la côte de l’île de Giglio, au large de la Toscane, avait heurté un rocher dans la nuit du 14 janvier 2012.
Son épave en partie immergée a ensuite été renflouée et transportée en juillet au port de Gênes pour y être démantelée.
AFP