L’Italie est devenue le premier pays d’Europe à mettre des villes en quarantaine, un mois exactement après une mesure similaire prise en Chine autour du berceau de l’épidémie.
Une femme âgée, atteinte d’un cancer et qui avait contracté le nouveau coronavirus, est morte en Italie, ont annoncé dimanche les autorités, ce qui porte à trois le nombre de décès dans ce pays qui compte 149 personnes contaminées.
Le troisième cas mortel est une « femme âgée qui était hospitalisée à Crema (près de Crémone, en Lombardie) depuis plusieurs jours et dont les tests montraient qu’elle avait contracté le coronavirus », a expliqué lors d’une conférence de presse à Milan, l’adjoint régional à la Santé, Giulio Gallera. Il a précisé qu’elle avait été admise « en oncologie dans un état grave ».
Dans une conférence de presse séparée, le chef de la Protection civile Angelo Borrelli a annoncé que l’Italie, pays le plus touché d’Europe, comptait 149 cas sans compter les trois personnes décédées, dont « 110 contaminés en Lombardie (autour de Milan), 21 en Vénétie (autour de Venise), 9 en Emilie Romagne, 2 dans le Latium (Rome) », ces deux cas ayant été contractés hors d’Italie.
« 55 sont hospitalisées avec des symptômes, 25 en thérapie intensive, 19 à l’isolement et 27 en cours de contrôle », a-t-il précisé.
Les décès en lien au nouveau coronavirus concernent tous des personnes âgées et déjà atteintes d’autres pathologies. Le premier cas mortel en Italie était un maçon retraité de 78 ans à Vo’Euganeo, près de Padoue, en Vénétie (nord-est), qui est décédé le 21 février. Le deuxième décès a été celui d’une femme de 77 ans, trouvée morte chez elle le 22 février, à Casalpusterlengo, près de Codogno. Un test post-mortem a détecté la présence du virus.
Barrages invisibles
Dans le nord de l’Italie, environ 52 000 personnes se sont réveillées dimanche dans des zones où ni l’entrée ni la sortie ne sont autorisées « sauf dérogation particulière », comme l’a annoncé le Premier ministre Giuseppe Conte.
Fermeture des entreprises et des établissements scolaires, annulation d’événements culturels et sportifs, report de matches de foot : le gouvernement italien tente de mettre sous cloche une partie de la Lombardie et la Vénétie et de freiner l’épidémie.
La première mesure de confinement avait été édictée il y a un mois exactement, le 23 janvier, pour les 11 millions d’habitants de Wuhan, ville du centre de la Chine où s’est déclenchée l’épidémie de pneumonie virale en décembre.
Les images des télévisions locales montraient une absence de barrages pour le moment autour des villes concernées. Même si le décret-loi prévoit des sanctions pouvant aller jusqu’à trois mois de réclusion pour les contrevenants.
Le risque d’expansion
Comme l’Italie, l’Iran a pris des mesures drastiques après avoir enregistré 15 nouveaux cas, portant à 43 le nombre total de personnes contaminées. Trois nouveaux décès sont à déplorer. La République islamique a annoncé samedi la fermeture des établissements éducatifs dans 14 provinces, y compris Téhéran.
En Chine, le bilan a atteint dimanche 2 442 morts après l’annonce de 97 décès supplémentaires, tous sauf un dans la province centrale du Hubei, berceau du virus. Le ministère de la Santé a aussi fait état de 648 nouveaux cas de contamination, ce qui porte à environ 77 000 le total national.
Mais c’est l’expansion en dehors du pays qui avive les inquiétudes.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) redoute « le potentiel de dissémination du Covid-19 dans les pays dont les systèmes de santé sont plus précaires », a averti son directeur général. C’est le cas de nombreux pays africains dont les infrastructures sanitaires et le personnel médical sont mal préparés pour affronter l’épidémie.
Une étude publiée vendredi par le centre des maladies infectieuses de l’Imperial College de Londres « estime qu’environ les deux tiers des cas de Covid-19 sortis de Chine sont restés indétectés au niveau mondial ».
Et les précautions manquent parfois : le Japon a confirmé dimanche que le virus avait finalement été diagnostiqué chez une ex-passagère du Diamond Princess, rentrée chez elle par le train mercredi après avoir été considérée comme un cas négatif.
LQ/AFP