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Coronavirus : écoles fermées et provisions de masques, le monde en ordre de bataille


La Chine a converti des lignes de production de manteaux, couches et mêmes téléphones portables en chaînes de fabrication de masques ou de combinaisons intégrales. (Photo : AFP)

Écoles fermées pour deux semaines en Italie, provisions de masques, annulations en rafale : les pays infectés par le nouveau coronavirus dressent des remparts devant l’épidémie qui affole le monde entier et pèse sur l’économie planétaire.

L’Italie, premier foyer européen, qui a passé la barre des cent morts (107 morts pour 3.089 cas), a pris des mesures exceptionnelles : le pays a décidé de fermer toutes les écoles et universités à partir de jeudi et jusqu’au 15 mars pour faire face à l’épidémie. En quelques semaines, les masques, gels désinfectants mais aussi gants ou combinaisons de protection sont devenus des denrées rares dans de nombreux pays. Après la France qui a réquisitionné les stocks et la production des masques, la Russie a interdit mercredi l’exportation de matériel médical de protection, imitée par l’Allemagne.

Peu après, le ministre de la Santé du pays Jens Spahn osait pour la première fois prononcer le mot de pandémie, affirmant que « l’épidémie de coronavirus en Chine [s’était] transformée en pandémie mondiale », à l’heure où le Covid-19 touche 81 pays et territoires, a infecté près de 95 000 personnes et fait plus de 3 200 morts. Dans le pays, la compagnie aérienne Lufthansa a annoncé mercredi qu’elle allait immobiliser 150 de ses appareils, soit un cinquième de sa flotte, en raison de la baisse du trafic aérien résultant de l’épidémie. Le nouveau coronavirus affecte dorénavant tous les continents, sauf l’Antarctique, et perturbe la vie quotidienne dans un nombre croissant de pays.

Annulations d’évènements

Face au danger, les autorités annulent ou reportent tout événement ou rassemblement susceptible de constituer un risque de propagation au sein d’une foule. À Londres, les producteurs du nouveau James Bond, No Time to Die («Mourir peut attendre») ont annoncé le report de sa sortie mondiale en novembre. Les compétitions sportives sont également chamboulées : les deux demi-finales retour de la Coupe d’Italie ont été reportées, le gouvernement prévoit même de faire jouer à huis clos les matches ces deux prochaines semaines… Deux événements sportifs majeurs concentrent beaucoup de questions : l’Euro de football (12 juin-12 juillet) et les Jeux olympiques de Tokyo (24 juillet-9 août).

Les lieux religieux sont également ciblés. L’Arabie saoudite a décidé de suspendre « temporairement » la Omra, le petit pèlerinage musulman entrepris tout au long de l’année. En France, le sanctuaire de Lourdes qui attire chaque année des millions de pèlerins catholiques a annoncé qu’il fermait ses piscines, les bassins sacrés où environ 350 000 personnes s’immergent chaque année. Le Louvre, le musée le plus visité au monde, qui était fermé depuis dimanche, a en revanche rouvert mercredi.

Devant la globalisation de la situation sanitaire, la patronne du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, a déclaré mercredi que cette crise appelait « une réponse au niveau mondial » tandis que les pays membres de l’institution ont promis « tout le soutien nécessaire pour limiter l’impact » de l’épidémie, « confiants » dans leur capacité à « restaurer la croissance ».

Un plan d’urgence de 12 milliards de dollars

Pour tenter de limiter ses répercussions économiques, la Banque centrale américaine (Fed), la plus puissante du monde, a baissé en urgence mardi ses taux d’intérêt, une décision inédite sous cette forme depuis la crise financière de 2008. Mardi, le G7, qui regroupe les six pays occidentaux les plus riches et le Japon, a évoqué la possibilité de recourir à la relance budgétaire. De son côté, la Banque mondiale a annoncé un plan d’urgence de 12 milliards de dollars pour aider les pays à contenir l’épidémie. S’il est trop tôt pour quantifier précisément l’impact économique du coronavirus, le FMI a confirmé que la croissance mondiale serait en 2020 « inférieure » à celle de 2019.

Le virus continue de progresser dans le monde, mais cette propagation ralentit dans deux des pays les plus durement touchés : la Chine et la Corée du Sud. En Chine, où l’épidémie a pris naissance en décembre et fait depuis 2 981 décès, la quarantaine de 56 millions de personnes continuait dans la province centrale du Hubei, épicentre de l’épidémie et, pour le troisième jour consécutif, le nombre de nouveaux cas journaliers était en repli.

Des lignes de production converties pour les masques ou les combinaisons intégrales

Le pays s’inquiète toutefois de nouvelles contaminations depuis l’étranger : au moins 13 Chinois rentrés de l’étranger ont été réinfectés ces derniers jours, dont huit mardi de retour d’Italie, troisième plus gros foyer après la Chine et la Corée du Sud (5 621 contaminations, dont 32 décès). Les voyageurs qui arrivent à Pékin en provenance de Corée du Sud, d’Italie, d’Iran et du Japon se retrouvent désormais en quarantaine pendant 14 jours. En Chine, le manque initial d’équipements de protection a entraîné la contamination de milliers de médecins et infirmières. Le pays a depuis converti des lignes de production de manteaux, couches et mêmes téléphones portables en chaînes de fabrication de masques ou de combinaisons intégrales.

Les pays qui restaient encore à l’abri de la maladie se font moins nombreux chaque jour. De premiers cas ont été annoncés par la Pologne, l’Argentine, le Chili, le Sénégal ou Gibraltar ainsi que deux cas au sein des institutions européennes. L’Irak a fait état de son premier décès, au Kurdistan. A un mois de la Pâque juive lors de laquelle des milliers de juifs du monde en entier se rendent en Israël, le pays qui recense 15 cas, impose désormais une quarantaine de deux semaines pour les voyageurs en provenance de France et de plusieurs autres pays européens (France, Allemagne, Suisse, Espagne et Autriche).

AFP