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Coronavirus : de Rome à Moscou, l’Europe fait un bond vers la normalité


Le Colisée à Rome a rouvert le 1er juin. L'accès au monument est toutefois soumis à des règles drastiques : masques et prise de température des visiteurs et du personnel,... (Photo : AFP)

De la réouverture du Colisée à Rome à celle des commerces à Moscou, l’Europe accélère lundi son retour vers un semblant de normalité face à la pandémie de nouveau coronavirus qui continue en revanche de faire des ravages en Amérique latine.

Malgré un récent rebond du nombre de nouveaux cas quotidiens, la capitale russe allège le carcan des restrictions en autorisant ses commerces non alimentaires à rouvrir après plus de deux mois de fermeture et ses habitants à se balader, à condition de porter un masque et de se plier à un système complexe de créneaux horaires. « L’argent va recommencer a circuler », se félicitait Olga, vendeuse d’une boutique de sac-à-mains et bijoux, heureuse de voir quelques clients revenir.

(Photo : AFP)

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Même si les voyages d’un pays à l’autre restent souvent impossibles, de hauts lieux touristiques s’ouvrent de nouveau au public en Europe: le Grand Bazar à Istanbul avec ses quelque 3 000 boutiques et 30 000 commerçants, et le Colisée à Rome illuminé, pour l’occasion, aux couleurs italiennes.

En rouvrant le site le plus visité du pays après plusieurs autres lieux et monuments célèbres, l’Italie espère relancer au plus vite le secteur clé du tourisme, mis à mal par la pandémie de Covid-19 qui a fait plus de 33000 morts dans la péninsule.

L’accès au monument emblématique de la Rome antique au cœur de la ville éternelle est toutefois soumis à des règles drastiques: masques et prise de température des visiteurs et du personnel, parcours sécurisés, réservations obligatoires et horaires modifiés pour éviter les attroupements aux heures de pointe.

En Angleterre, les écoles fermées depuis la mi-mars accueillent de nouveau les enfants de 4 à 6 ans et de 10 à 11 ans, au grand dam de syndicats d’enseignants et de collectivités locales qui jugent la mesure prématurée. « On ne peut pas vraiment promettre aux parents que leurs petits resteront à deux mètres les uns des autres tout le temps », a reconnu Bryony Baynes, directrice d’une école primaire de Worcester (ouest de l’Angleterre).

Membre d’un gouvernement accusé d’avoir tardé à agir, le ministre de l’Education, Gavin Williamson, a souligné dans la presse le « besoin d’aller de l’avant ».

Plus de 370 000 morts

Toujours au Royaume-Uni, pays d’Europe le plus endeuillé par la pandémie avec plus de 38 000 morts, les rassemblements de six personnes sont désormais autorisés et les personnes les plus fragiles, forcées de s’isoler totalement, peuvent sortir prudemment. Certains commerces comme les concessionnaires automobiles ou les marchés peuvent aussi reprendre leur activité.

Dans le monde, le bilan a franchi le cap des 370000 victimes pour plus de 6,1 millions de cas, selon un décompte réalisé par l’AFP à partir de sources officielles dimanche à 19h. Des nombres sans doute largement sous-évalués.

En dépit des craintes d’une seconde vague, un parfum de normalisation flotte aussi en Finlande (restaurants, bibliothèques et autres lieux publics), en Grèce (écoles maternelles et primaires), en Roumanie (cafés, restaurants, plages) ou encore en Albanie, en Norvège, en Espagne et au Portugal.

« J’espère qu’il y aura peu de personnes, car tout ça est très nouveau! », a confié à l’AFP le producteur et distributeur Pedro Borges, qui exploite le cinéma Ideal à Lisbonne, autorisés comme ses concurrents à rouvrir ses portes.

Quant aux Français, ils attendent avec impatience la réouverture des cafés et restaurants mardi, ainsi que la levée de l’interdiction de se déplacer à plus de 100 km de chez eux.

Sous d’autres latitudes, la Corée du Nord, selon la presse sud-coréenne, va elle aussi rouvrir ses écoles, deux mois après les avoir fermées par mesure de précaution. Pyongyang n’a fait état d’aucun cas de Covid-19, laissant les experts dubitatifs alors même que le virus né dans la Chine voisine s’est propagé à tous les continents

Violences

Tableau beaucoup plus sombre en revanche en Amérique latine, devenue l’épicentre de la pandémie qui y a officiellement contaminé plus d’un million de personnes. Au Brésil, de loin le pays le plus touché de la région avec plus de 500 000 cas et près de 30 000 morts, l’épidémie s’accompagne d’une montée des tensions politiques sur la façon d’y faire face.

Des affrontements ont éclaté dimanche soir à Sao Paulo entre partisans et adversaires du président Jair Bolsonaro. Le chef d’Etat d’extrême droite minimise la gravité de l’épidémie, s’oppose aux mesures de confinement ordonnées par les différentes autorités locales et a même pris un bain de foule dimanche à Brasilia, bravant les règles de distanciation physique prônées pour freiner la contagion.

Il a aussi appelé à une reprise des championnats de football. « Comme les footballeurs sont jeunes et sportifs, le risque de mort s’ils attrapent le virus est infiniment réduit », a-t-il déclaré. Son appel a été mal accueilli. Le directeur sportif du Sao Paulo FC et ancienne idole du Paris SG, Raï, l’a appelé à démissionner.

À Sao Paulo, plusieurs centaines de personnes se sont battues dans la rue, malgré l’intervention de la police qui a tiré des gaz lacrymogènes, lors de heurts entre une manifestation « contre le fascisme » et un rassemblement de partisans du président venus protester contre les mesures de confinement.

Aux Etats-Unis, où le bilan de l’épidémie est le plus élevé au monde (104 356 morts comptabilisés dimanche), la crise sanitaire est également aggravée par de profonds clivages politiques et, depuis une semaine, par une flambée de colère après la mort d’un homme noir pendant son interpellation par un policier blanc à Minneapolis, dans le Minnesota.

Ailleurs sur le continent américain, la pandémie continue notamment à faire des ravages au Mexique, où le bilan s’approche des 10 000 morts, et au Pérou où elle menace les hôpitaux d’effondrement.

Les dégâts économiques qu’elle a provoqués ont poussé le Chili et le Pérou à demander des lignes de crédit au Fonds monétaire international pour un total de presque 35 milliards de dollars.

AFP