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Coronavirus : bilan inquiétant aux Etats-Unis, la planète en détresse économique


Donald Trump s'en prend vertement au chef de l'OMS ce jeudi, en disant qu'il s'est "complètement planté" (Photo : AFP).

Avec plus de 400 000 contaminations, ce jeudi matin, les Etats-Unis ne cessent de voir se propager la pandémie. Le monde souffre par ailleurs des premiers symptômes d’une grave récession économique.

Autre record américain tragique: pour la deuxième journée consécutive, le pays a enregistré près de 2 000 morts liées au Covid-19, le pire bilan quotidien dans le monde depuis le début de la pandémie.

Et alors que le nombre de morts approche les 90 000 dans le monde, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) se retrouve au centre de la polémique. A-t-elle trop fait confiance à la Chine au début de l’épidémie ?

Le président français Emmanuel Macron a pris la défense de l’agence onusienne. Dans un entretien avec son directeur général, M. Macron a « réaffirmé sa confiance dans l’institution, qu’il refuse de voir enfermée dans cette guerre entre Chine et Etats-Unis », a indiqué l’Elysée.

« Ne politisez pas le virus », a lancé le chef de l’OMS, l’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus.

La veille, Donald Trump l’avait accusée de s’être « complètement plantée » et menacée de lui supprimer le financement américain.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a estimé que ce n’était « pas le moment » des critiques, mais celui de « l’unité » et la « solidarité pour arrêter ce virus ».

« Le prix de la dignité »

La vie quotidienne a été bouleversée partout. A ce jour, la moitié de l’humanité est en quarantaine et des « secteurs entiers des économies nationales ont été fermés » ou « directement touchés » par l’arrêt de l’activité, fait valoir l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Les échanges commerciaux devraient accuser une baisse à « deux chiffres » dans « presque toutes les régions » de la planète, a-t-elle prévenu mercredi. L’organisation prédit une contraction du commerce « probablement supérieure » à celle causée par la crise financière mondiale de 2008-2009.

Pour la banque centrale américaine (Fed), l’incertitude liée à la pandémie fait peser un « grave danger sur les perspectives économiques » des Etats-Unis, selon les minutes de sa réunion à la mi-mars. Mais elle estimait alors que les effets négatifs seraient peut-être moins durables que ceux de la crise de 2008.

En l’absence de rapides plans de soutien pour les pays les plus démunis, un demi-milliard de personnes supplémentaires dans le monde pourraient basculer dans la pauvreté, met en garde l’ONG Oxfam dans un rapport intitulé « Le Prix de la dignité ».

« Cela pourrait constituer à l’échelle mondiale un recul de dix ans dans la lutte contre la pauvreté, et un recul de 30 ans dans certaines régions comme en Afrique subsaharienne, au Moyen-Orient ou en Afrique du nord », plus de la moitié de la population mondiale étant menacée de tomber sous le seuil de pauvreté à la suite de la pandémie, ajoute l’organisation.

« Depuis le début de cette crise, nous sommes assis à la maison, plus un sou ne rentre », se lamente Mohamed Said, charpentier de 36 ans au Caire et père de trois enfants, en faisant la queue pour une distribution d’aide alimentaire.

BoJo va mieux

L’UE se déchire, ses 27 ministres des Finances étant incapables de s’entendre sur une réponse économique commune. Le ministre italien de l’Economie Roberto Gualtiere a appelé à « la solidarité et à des choix courageux et partagés », mais l’Allemagne comme les Pays-Bas refusent de mutualiser les dettes publiques pour amortir le choc.

Aux Etats-Unis, l’administration de Donald Trump a engagé de nouvelles discussions avec le Congrès pour débloquer 250 milliards de dollars supplémentaires afin de préserver l’emploi. Les démocrates réclament une rallonge totale de 500 milliards. Le président Trump a affirmé avoir bon espoir de voir la « lumière au bout du tunnel ».

Quant à la projection selon laquelle de 100.000 à 240.000 personnes pourraient mourir du coronavirus dans son pays, M. Trump a dit penser que les Etats-Unis pouvaient « faire beaucoup mieux » et sauver bon nombre de ces vies.

L’Italie reste le pays le plus endeuillé avec 17.669 décès, suivie des Etats-Unis (14.695) de l’Espagne (14.555) et de la France (10.869, dont 541 en 24 heures).

En Grande-Bretagne, un nouveau plafond de 938 morts a été recensé en 24 heures, pour plus de 7 000 en tout. La santé du Premier ministre Boris Johnson, en soins intensifs depuis trois jours dans un hôpital londonien après avoir été contaminé au Covid-19, « s’améliore » selon son ministre des Finances.

Assouplissement prématuré

Le confinement commencerait ainsi à porter ses fruits, avec comme effet une diminution de la tension hospitalière, en Espagne, en Italie et en France.

L’Autriche a présenté mercredi un calendrier d’assouplissement prudent des restrictions, qui commencera après Pâques par la réouverture des petits commerces. Le Danemark et la Norvège, en « semi-confinement », ont aussi communiqué des dates de redémarrage.

Mais pour l’OMS, en dépit de certains « signes positifs », tout assouplissement est prématuré.

En Chine, au contraire, des dizaines de milliers de passagers se sont rués mercredi dans les gares de Wuhan, après la levée du blocage imposé fin janvier dans cette mégapole de 11 millions d’habitants d’où est partie l’épidémie.

« Je suis coincé ici depuis 77 jours! 77 jours! », s’est écrié un homme sur le départ.

Le bilan officiel de plus de 3.300 décès seulement est contesté notamment par les autorités américaines, qui accusent Pékin de l’avoir sous-évalué et d’avoir ainsi contribué à ce que d’autres pays minimisent la menace.

Dans un autre registre, le président malgache Andry Rajoelina a affirmé mercredi avoir appris qu’un remède à base de plantes était susceptible de soigner les malades du coronavirus. Seul problème: il n’a pas dit quelles plantes.

AFP