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La Corée du Nord affirme pouvoir produire des ogives nucléaires


La Corée du Nord prétend déjà maîtriser le lancement d’engins balistiques. (Photo AFP)

La Corée du Nord, qui prétend déjà maîtriser le lancement d’engins balistiques, a assuré mercredi être désormais en mesure de produire des ogives nucléaires, étape indispensable à l’armement de missiles.

Le régime nord-coréen avait auparavant fait savoir à Ban Ki-moon, qui devait effectuer la première visite d’un secrétaire général des Nations unies depuis plus de 20 ans, qu’il annulait son invitation à se rendre sur le complexe industriel inter-coréen de Kaesong, situé sur son territoire.

«Cela fait longtemps que nous avons commencé à miniaturiser (NDLR : les charges nucléaires) et à diversifier nos capacités en termes de frappes nucléaires», a déclaré la puissante Commission nord-coréenne de défense nationale (CDN) dans un communiqué rendu public par l’agence officielle KCNA. «Nous sommes également parvenus au point où le degré de précision le plus élevé est garanti, pas seulement pour les missiles de courte et moyenne portée, mais également pour les missiles de longue portée, ajoute le communiqué. Nous ne cachons pas cet état de fait.»

La CDN, la plus haute instance militaire du pays présidée par le numéro un Kim Jong-Un, a également critiqué les États-Unis pour avoir condamné l’annonce il y a deux semaines par Pyongyang d’un tir d’essai réussi d’un missile balistique depuis un sous-marin (MSBS), en violation des résolutions de l’ONU.

Experts et dirigeants occidentaux connaissent de longue date l’existence de l’arsenal atomique de Pyongyang, estimé à entre 10 à 16 bombes conçues à partir de plutonium ou d’uranium enrichi, mais trop volumineuses pour être placées dans la tête d’une fusée. La communauté internationale a en outre pu vérifier la détermination du Nord à maîtriser le lancement de missiles à longue portée avec l’envoi dans l’espace, début 2013, d’un engin – qualifié de fusée par Pyongyang – avec mise sur orbite d’un satellite.

« Coup de bluff »

Ce tir est néanmoins considéré à l’étranger comme un échec partiel dès lors que le vecteur n’est pas revenu dans l’atmosphère, phase par définition indispensable des trajectoires balistiques. Le régime nord-coréen a déjà procédé à trois essais nucléaires destinés à réduire la taille des charges atomiques. S’il parvenait à mettre des têtes nucléaires sur des missiles et à embarquer ceux-ci sur des sous-marins, la menace qu’il représente serait considérablement accrue.

Les spécialistes restent toutefois réservés. Pour Cho Han-Bum, analyste à l’Institut sud-coréen pour l’unification nationale, le Nord est à court d’argent et ses dernières affirmations sont «difficiles à croire». «C’est un moyen pour le Nord (…) d’essayer d’attirer l’attention de l’administration américaine qui est trop occupée à résoudre des crises ailleurs», abonde Euan Graham du Lowy Institute for International Policy à Sydney.

Les experts s’entendent aussi pour dire que l’annonce par Pyongyang du tir d’un MSBS, une opération particulièrement complexe, était sans doute un coup de bluff, le pays n’étant selon toute vraisemblance pas en mesure d’y parvenir avant 2020.

Le Quotidien/AFP