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Corée du Nord : un nouveau missile pouvant porter une charge nucléaire


Ce tir avait pour but d'examiner "les caractéristiques" d'un nouveau type de missile. (photo AFP)

Pyongyang s’est félicité lundi du tir d’un nouveau type de missile qui semble avoir une portée sans précédent, affirmant qu’il pouvait transporter une « puissante tête nucléaire ».

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un a, selon la presse officielle, personnellement supervisé cet essai dimanche, des photos le montrant dans un hangar à côté du missile. Sur d’autres clichés, on peut le voir en train d’applaudir avec des officiers après le tir, au petit matin, de ce projectile noir baptisé Hwasong-12.

This picture taken on May 14, 2017 and released from North Korea's official Korean Central News Agency (KCNA) on May 15 shows North Korean leader Kim Jong-Un (C) reacting during a test launch of a ground-to-ground medium long-range strategic ballistic rocket Hwasong-12 at an undisclosed location. South Korea OUT / REPUBLIC OF KOREA OUT   ---EDITORS NOTE--- RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT "AFP PHOTO/KCNA VIA KNS" - NO MARKETING NO ADVERTISING CAMPAIGNS - DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS THIS PICTURE WAS MADE AVAILABLE BY A THIRD PARTY. AFP CAN NOT INDEPENDENTLY VERIFY THE AUTHENTICITY, LOCATION, DATE AND CONTENT OF THIS IMAGE. THIS PHOTO IS DISTRIBUTED EXACTLY AS RECEIVED BY AFP.   / AFP / KCNA VIA KNS / STR / REPUBLIC OF KOREA OUT   ---EDITORS NOTE--- RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT "AFP PHOTO/KCNA VIA KNS" - NO MARKETING NO ADVERTISING CAMPAIGNS - DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS THIS PICTURE WAS MADE AVAILABLE BY A THIRD PARTY. AFP CAN NOT INDEPENDENTLY VERIFY THE AUTHENTICITY, LOCATION, DATE AND CONTENT OF THIS IMAGE. THIS PHOTO IS DISTRIBUTED EXACTLY AS RECEIVED BY AFP.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un apparaît visiblement ravi. (photo AFP)

M. Kim a « étreint les responsables de la recherche balistique en leur disant qu’ils avaient travaillé dur pour réaliser de grandes choses », rapporte l’agence de presse officielle KCNA..

La Corée du Nord, dont l’objectif affiché est d’être en mesure de porter le feu nucléaire sur le sol américain, est déjà sous le coup de multiples sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU.

Le Japon et les Etats-Unis ont demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU qui pourrait se tenir mardi, à la suite du tir de ce missile.

Ce tir était le deuxième en 15 jours et le premier depuis la prestation de serment mercredi du nouveau président sud-coréen Moon Jae-In.

Il avait pour but d’examiner « les caractéristiques » d’un nouveau type de missile, « capable de transporter une grande et puissante tête nucléaire », affirme KCNA.

L’agence assure que l’engin a suivi une trajectoire très élevée, atteignant une altitude de 2.111,5 km, avant de retomber en mer du Japon à 787 km, « précisément à l’endroit prévu ».

« Progrès important »

Cela laisse penser que ce missile pourrait avoir une portée de 4.500 kilomètres, observent des experts.

Pour Jeffrey Lewis, chercheur à l’Institut Middlebury des études internationales, dont le siège est en Californie, si on met de côté les tirs de fusées, l’engin tiré dimanche a été « le missile à la portée la plus longue jamais testé par la Corée du Nord ».

John Schilling, expert en armement de l’organisation « 38 North », qui dépend de l’université Johns Hopkins à Washington, estime quant à lui que Pyongyang vient apparemment de tester un missile de portée intermédiaire qui pourrait « sûrement atteindre la base américaine de Guam », dans le Pacifique.

« Ce qui est plus important », a-t-il ajouté, c’est qu’il « pourrait constituer un progrès important sur la voie de la mise au point d’un missile balistique intercontinental (ICBM) ».

L’accélération des programmes nucléaire et balistique nord-coréens et la surenchère verbale avec Donald Trump, qui a menacé de régler par la force le dossier nord-coréen, ont contribué à tendre la situation sur la péninsule.

Le milliardaire a toutefois récemment semblé modérer son discours, déclarant même qu’il serait « honoré » de rencontrer Kim Jong-Un.

Pyongyang a d’ailleurs évoqué samedi une possible ouverture par la voix d’une diplomate de passage à Pékin qui a dit que son pays pourrait « avoir un dialogue, si les conditions s’y prêtent », avec Washington.

Une étape

Ce tir est intervenu quatre jours après l’investiture à Séoul de Moon Jae-In qui, contrairement à son prédécesseur, défend l’idée d’un dialogue. Mais celui qui avait été la cheville ouvrière du dernier sommet intercoréen en 2007 n’en a pas moins condamné une « provocation irresponsable ».

Le président russe Vladimir Poutine a qualifié lundi ce tir de « contre-productif et dangereux » mais il a également appelé à arrêter d' »intimider la Corée du Nord » et a prôné une solution pacifique.

En avril, Pyongyang avait organisé un gigantesque défilé, exhibant alors des missiles, dont l’un semblait du même type que celui tiré dimanche.

Certains experts doutent de la capacité du Nord à miniaturiser ses armes nucléaires pour les monter sur un missile et rien ne prouve encore que Pyongyang maîtrise la technologie en vue de la rentrée dans l’atmosphère.

Pour M. Schilling, que Pyongyang parvienne à mettre Guam, à 3.400 km, à portée de ses missiles ne change pas fondamentalement la donne géopolitique. Mais c’est une étape.

« Ce qui modifierait l’équilibre stratégique serait un ICBM capable de toucher le continent américain », a-t-il dit.

« Ce ne sera pas ce missile, mais il pourrait s’agir d’un banc d’essai, d’un essai de technologies et de systèmes qui seront utilisés pour des ICBM », poursuit-il, avançant l’hypothèse selon laquelle Pyongyang cherche aussi à tester des « sous-systèmes d’ICBM » pour jouir d’une « couverture » en cas d’attaque américaine.

L’agence KCNA cite de son côté Kim Jong-Un affirmant que la stratégie américaine consistant à « intimider militairement les Etats faibles qui n’ont pas la bombe atomique » ne marchera pas avec le Nord.

« Si les Etats-Unis osent une provocation militaire contre la RPDC (la Corée du Nord, ndlr), nous sommes prêts à la contrer », a-t-il dit.

Le Japon et les Etats-Unis ont demandé dimanche une réunion d’urgence du Conseil de sécurité et celle-ci pourrait avoir lieu mardi après-midi à New York.

Dimanche, la Maison Blanche avait demandé « des sanctions bien plus fortes ». La Chine, alliée de Pyongyang, a exhorté « toutes les parties » à la « retenue ».

Le Quotidien / AFP