La Corée du Nord a tiré vendredi deux « projectiles non identifiés » qui se sont abîmés en mer et rejeté l’appel « insensé » au dialogue du président sud-coréen, en refusant toute discussion de paix avec Séoul.
Ce lancement, le sixième du genre en trois semaines, est une façon de protester contre les exercices militaires conjoints entre la Corée du Sud et les États-Unis. Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un avait présenté début août ces tirs comme « un avertissement solennel » au Sud.
Pyongyang proteste toujours contre ce genre de manœuvres au Sud, qu’il voit comme la répétition générale d’une invasion de son territoire. Mais le Nord se garde généralement d’effectuer des essais d’armes pendant ces exercices militaires. L’état-major sud-coréen a indiqué que ces projectiles avaient été tirés depuis les environs de Tongchon, dans la province de Kangwon, et avaient volé 230 km pour se perdre en mer du Japon, connue en Corée sous le nom de mer de l’Est.
Un responsable de l’état-major a dit qu’il présumait qu’il s’agissait de « missiles balistiques de courte portée » mais que davantage d’analyses étaient nécessaires pour confirmer cela. Parallèlement, la Commission pour la réunification pacifique, une institution nord-coréenne, a annoncé vendredi dans un communiqué que Pyongyang rejetait les propos tenus jeudi par le président sud-coréen Moon Jae-in sur son désir d’unification, en affirmant que le Nord n’avait plus rien à discuter avec le Sud. La Commission s’est fendue de critiques cinglantes envers Moon, qui a joué un rôle clé dans la détente apparue en 2018 sur la péninsule, en le qualifiant de personnage « impudent comme on en trouve peu » en raison, dans le contexte des manœuvres, de ses espoirs de négociations intercoréennes.
« Plus rien à discuter »
Jeudi, à l’occasion de l’anniversaire de la fin de la colonisation japonaise de la péninsule (1910-1945), Moon a affirmé que l’objectif était de « réaliser la paix et l’unification d’ici 2045 ». Son mandat unique se termine en 2022. « Son discours devrait s’appeler Discours commémoratif insensé« , a estimé dans son communiqué la Corée du Nord. « Nous n’avons plus rien à discuter avec les autorités sud-coréennes et nous n’avons aucune intention de nous réunir de nouveau avec elles », déclare le document. Le ministère sud-coréen de l’Unification a répliqué que ces propos n’étaient pas « cohérents » avec l’esprit des accords inter-coréens et notamment avec la Déclaration de Panmunjom signée en avril 2018 entre Moon et Kim. « Nous tenons à souligner que ces propos n’aideront pas du tout à améliorer les relations inter-coréennes », a ajouté un responsable du ministère.
Voilà des années que Washington et Séoul mènent des exercices militaires conjoints. Leur ampleur a cependant été réduite au cours de l’année écoulée pour ne pas échauder Pyongyang dans le contexte de la détente. Moon avait minimisé l’importance des récents tirs nord-coréens, avançant même la possibilité de relancer des projets économiques inter-coréens pour contrer l’impact de la crise commerciale bilatérale avec le Japon. Ses détracteurs l’avaient taxé d’angélisme. Pyongyang n’a jamais confirmé qu’il s’agissait de missiles balistiques de courte portée, parlant d’un « système de lancement multiple de fusées guidées de gros calibre ».
Le Conseil de sécurité de l’ONU interdit à la Corée du Nord de tester des missiles. Après des années de montée des tensions, la péninsule a été à partir de 2018 le théâtre d’une remarquable détente avec trois rencontres entre Kim et le président Trump. A Singapour en juin 2018, les deux hommes avaient signé un engagement vague en faveur de la « dénucléarisation de la péninsule coréenne ». Leur deuxième sommet, en février à Hanoï, avait été écourté sur des désaccords profonds. Mais lors de leur rencontre impromptue en juin dans la Zone démilitarisée (DMZ) entre les deux Corées, ils ont convenu de reprendre le dialogue. Les discussions de travail n’ont cependant toujours pas repris. Pyongyang a récemment affirmé que des discussions nucléaires ne se feraient qu’avec les États-Unis, refusant un dialogue avec le Sud.
LQ/AFP