Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a rejeté l’offre de dialogue des Etats-Unis, accusant le président Joe Biden de poursuivre les « actes hostiles » de ses prédécesseurs, ce qu’a aussitôt nié Washington.
« Notre politique vise une approche graduelle et pratique pour une diplomatie sérieuse et durable avec la Corée du Nord », a assuré mercredi un porte-parole du Département d’Etat américain, réitérant n’avoir « aucune intention hostile » envers Pyongyang.
« Les Etats-Unis sont prêts à rencontrer des responsables nord-coréens sans conditions préalables. Nous espérons que la Corée du Nord répondra de façon positive à notre offre », a-t-il ajouté. Cette proposition avait déjà été formulée à plusieurs reprises par le gouvernement Biden.
Ces déclarations interviennent après que Kim Jong Un eut qualifié l’offre répétée de dialogue des Etats-Unis de « façade pour masquer leur fourberie et leurs actes hostiles, et une poursuite de la politique hostile des précédentes administrations » lors d’un discours-fleuve devant l’Assemblée suprême du peuple, le « parlement » nord-coréen, a rapporté jeudi l’agence officielle KCNA.
« Depuis l’avènement de la nouvelle administration américaine, la menace militaire des Etats-Unis et leur politique hostile à notre encontre n’ont pas changé du tout, elles sont devenues plus trompeuses », a poursuivi M. Kim, selon des propos rapportés par le quotidien officiel Rodong Sinmun. Depuis l’arrivée au pouvoir de Joe Biden, Pyongyang s’était plutôt montré attentiste.
Appel au « respect mutuel »
Kim Jong Un a par ailleurs jugé prématuré le récent appel du président sud-coréen Moon Jae-in à mettre officiellement fin à la guerre de Corée (1950-1953) qui s’était achevée par une trêve et non par un traité de paix, laissant les deux parties techniquement en guerre depuis.
Un tel acte ne pourra avoir lieu que lorsque « le respect mutuel sera garanti et les opinions injustes et le deux-poids-deux-mesures abandonnés », a averti le leader nord-coréen. Les pourparlers entre Washington et Pyongyang sont dans l’impasse depuis l’échec du sommet de 2019 à Hanoï entre Kim Jong Un et le président américain de l’époque Donald Trump.
Depuis l’arrivée de Kim Jong Un au pouvoir, les programmes d’armement ont progressé, Pyongyang les justifiant par la nécessité de se protéger contre une éventuelle invasion américaine.
Maintenir la paix avec le Sud
La Corée du Nord n’a procédé à aucun essai nucléaire ou tir de missile balistique intercontinental depuis 2017. Mais elle a affirmé cette semaine avoir testé un missile planeur hypersonique ce qui, si la véracité de l’information est confirmée, constituerait une avancée technologique majeure. Les missiles hypersoniques sont beaucoup plus rapides que les missiles balistiques ou de croisière classiques. Ils sont aussi beaucoup plus difficiles à détecter et à intercepter par les systèmes de défense antimissile.
Le discours de Kim Jong Un montre que Pyongyang entend poursuivre sa politique en matière d’armement à moins que Washington ne change de cap, a analysé Hong Min, chercheur à l’Institut coréen pour l’unification nationale à Séoul. « Il est arrivé à la conclusion qu’il n’a pas d’autre choix que d’avoir une vision à long terme de sa manière d’aborder le problème avec les États-Unis, ce qui signifie poursuivre sa politique en matière d’armements stratégiques tout en maintenant une paix durable avec le Sud. »
Le Conseil de sécurité de l’ONU prévoit de se réunir d’urgence jeudi sur la Corée du Nord, à la demande des Etats-Unis, de la France et du Royaume-Uni, selon des sources diplomatiques.
Cette session se tiendra en principe dans la matinée et à huis clos, a précisé à l’AFP l’une de ces sources, sans indiquer si elle pourrait donner lieu à l’adoption d’une déclaration commune du Conseil de sécurité.
Cette demande trilatérale de Washington, Paris et Londres est la première marque d’unité de ces trois capitales depuis la crise qui a opposé la France aux Etats-Unis et au Royaume-Uni dans l’affaire des sous-marins australiens. C’est aussi la première fois depuis très longtemps que les Etats-Unis prennent l’initiative d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur la Corée du Nord.
LQ/AFP