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Colombie : 3 morts, dont une Française, dans un attentat à Bogota


Selon la police, l'explosion s'est produite vers 17 heures dans les toilettes des femmes du centre commercial, situé dans une zone très fréquentée par les étrangers et à la veille de la fête des pères. (photo AFP)

Trois personnes, dont une Française, ont été tuées et 9 blessées samedi après-midi dans un attentat à la bombe perpétré dans un centre commercial de Bogota, qui a été condamné par l’ELN, la dernière guérilla en activité en Colombie, ainsi que par les Farc.

Selon la police, l’explosion s’est produite vers 17 heures dans les toilettes des femmes du centre commercial, situé dans une zone très fréquentée par les étrangers et à la veille de la fête des pères.

Une Française de 23 ans et deux Colombiennes âgées de 27 et 31 ans « sont décédées de leurs blessures », a indiqué dans un communiqué la clinique où les victimes ont été hospitalisées. Parmi les blessés, dont quatre sont dans un état critique, figure une Française de 48 ans, a précisé l’établissement.

« Je suis vivant, c’est un miracle », confiait Andres Bermudez, les mains tremblantes, peu après l’attentat. « La panique m’a envahi (…) et j’ai pensé que ma dernière heure était arrivée ».

« Il se dégageait une fumée dense, assez noire et une forte odeur de caoutchouc. Les gens ont commencé à courir dans tous les sens », se souvient un autre témoin ayant requis l’anonymat.

« Il y a eu un boum très fort et le sol a tremblé. Des gens sortaient couverts de cendres, comme avec de la terre sur le corps », raconte Milena Carcenas, employée dans une boutique du centre commercial.

« Nous avons vu des personnes en sang pleurer. Il y avait beaucoup de fumée et les services de sécurité nous ont dit d’évacuer les lieux », a exliqué un autre employé, Michael Montoya.

Un attentat « exécrable »

« Tristesse et condoléances », a réagi le président français, Emmanuel Macron, dans un tweet adressé aux proches de la victime française.

La section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert une enquête après l’attentat pour « assassinats et tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste », selon une source judiciaire à Paris. Il s’agit d’une procédure classique quand des ressortissants français figurent parmi les victimes.

Le maire de la capitale colombienne Enrique Penalosa a dénoncé un « attentat lâche au centre Andino ».

Le président colombien Juan Manuel Santos a condamné aussi l’attentat et aussitôt ordonné au chef de la police nationale, le général Jorge Nieto, d’ouvrir une enquête.

La guérilla colombienne de l’ELN (Armée de libération nationale, guévariste), a fait savoir rapidement qu’elle « condamnait » cet attentat « exécrable », via son compte Twitter.

L’ELN négocie actuellement avec le gouvernement pour un accord de paix, à l’image de celui obtenu avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), en cours d’application après plus d’un demi-siècle de conflit armé qui a fait 260.000 morts et plus de 60.000 disparus.

Sur Twitter, le chef des Farc, Rodrigo Londono, alias « Timochenko », a lui aussi déploré l’attentat et exprimé sa solidatité avec les victimes.

Cet attentat survient à deux jours de la mise en oeuvre de la troisième et dernière phase de la remise des armes par les Farc prévue par l’accord de paix.

Ces deux dernières semaines, la guerilla a remis 60% de son arsenal à la Mission des Nations unies en Colombie.

La jeune Française tuée était venue en Colombie pour « fournir un service social dans un collège d’un quartier populaire de Bogota durant six mois », a indiqué le maire de Bogota à la presse.

Le président colombien, qui se trouvait à Cartagena (nord), a regagné aussitôt la capitale et s’est rendu sur les lieux de l’attentat.

« Les ennemis de la paix seront poursuivis sans trève et nous ne ferons pas de quartiers », a déclaré Juan Manuel Santos.

Bombe dans les toilettes

Le président colombien a annoncé la tenue d’un Conseil de sécurité sur les « mesures complémentaires » à prendre pour la « tranquillité » de la capitale.

« Il n’existe pas d’indices clairs sur qui peut être le responsable » de l’attentat, a dit le président.

L’attentat « ne peut venir que de ceux qui veulent fermer les chemins de la paix et de la réconciliation », a estimé pour sa part « Timochenko ».

Le général Jorge Nieto a indiqué de son côté que l’explosion avait été provoquée par « un engin » déposé « derrière un siège des toilettes pour femmes ».

Une équipe d’enquêteurs est en charge des recherches préliminaires et « des mesures préventives » sont en cours, a-t-il encore indiqué.

Le Quotidien / AFP