Le gouvernement allemand a adopté mercredi le plan d’accélération des ambitions climatiques du pays, qui vise désormais la neutralité carbone dès 2045, après que ses objectifs initiaux ont été retoqués par la Cour constitutionnelle.
En plus des juges qui avaient demandé fin avril à Berlin de revoir sa copie, la coalition d’Angela Merkel est sous pression des écologistes, donnés ces dernières semaines en tête des sondages pour les législatives du 26 septembre. Alors que la négociation sur le précédent plan climat adopté fin 2019 avait duré des mois, la nouvelle feuille de route a été décidée en moins de 15 jours, après la censure partielle prononcée par la Cour de Karlsruhe.
L’Allemagne prévoit désormais de réduire de 65% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 1990, contre 55% auparavant, puis de 88% d’ici 2040, avec la volonté d’atteindre la neutralité carbone en 2045, cinq ans plus tôt que prévu.
« Avec cette loi, nous créons plus de justice intergénérationnelle, plus de sécurité en terme de planification et une protection climatique déterminée qui n’étouffe pas l’économie », a assuré mercredi la ministre de l’Environnement social-démocrate Svenja Schulze. La loi détermine la quantité annuelle de dioxyde de carbone qui peut être émise par chaque secteur. « Si vous n’atteignez pas l’objectif, comme c’est le cas actuellement pour le secteur du bâtiment, alors vous devez vous rattraper immédiatement », a expliqué Svenja Schulze.
Insuffisant pour les écolos
Les Verts et les militants du climat jugent ces objectifs encore insuffisants et déplorent l’absence de mesures concrètes. Le plan d’action doit être soumis au Parlement.
La candidate des Verts à la chancellerie, Annalena Baerbock, a estimé que la nouvelle loi doit être complétée « de sorte que l’on ne se contente pas de nommer les objectifs, mais les mesures permettant d’atteindre ces objectifs ». Le gouvernement « se garde bien de dire que nous devons, par exemple, doubler les énergies renouvelables », a-t-elle déclaré sur la chaîne ARD, plaidant également pour que 2% du territoire allemand soit réservé à l’installation d’éoliennes. Les énergies propres représentent actuellement environ la moitié de la production d’électricité du pays.
Des activistes du climat ont organisé mercredi plusieurs actions pour demander une loi plus ambitieuse. Des militants de Greenpeace ont projeté sur la Chancellerie une image avec le slogan « Droit à l’avenir – protection du climat maintenant ! ».
La fédération de l’industrie allemande estime pour sa part que les nouveaux objectifs font peser des « risques incalculables » pour l’économie.
LQ/AFP