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Climat : laborieux pourparlers à Bonn, des points en suspens


Les délégués des 196 membres de la convention de l'Onu sur le climat n'ont pour l'instant mené à bien que le toilettage a minima du texte, dense et confus, issu du précédent round de négociations à Genève, sans trancher sur le fond. (photo AFP)

Après dix jours de laborieuses discussions à Bonn, les négociateurs sur le climat devaient se quitter jeudi sur une note optimiste, avec la promesse d’un « avant-projet » de texte pour la conférence de Paris en octobre, au moins un mois avant ce rendez-vous crucial prévu en décembre. Mais des points de dissension majeurs restent à résoudre si la communauté internationale veut parvenir à un accord ambitieux.

– La répartition de l’effort

Cette controverse irrigue largement toutes les autres : les pays en développement, grands émergents en tête, tiennent à être traités différemment des pays industrialisés qui ont une « responsabilité historique » dans le réchauffement. Mais ces derniers relèvent la part croissante d’Etats comme la Chine ou l’Inde dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre, issues principalement de la combustion d’énergies fossiles alimentant leur développement.

Certains pays, parmi lesquels la Chine, souhaiteraient un accord fondé sur cette division pays développés/en développement instaurée en 1992 par la convention-cadre de l’ONU. D’autres proposent des options plus intermédiaires. La conférence de Lima en décembre avait abouti à un texte évoquant le « principe de responsabilités communes mais différenciées (…) à la lumière des différentes circonstances nationales ». Ce terme sera-t-il repris à Paris? Suffira-t-il à définir la part concrète de chacun?

– L’adaptation au changement climatique

Les pays du Sud, dont beaucoup souffrent déjà des effets du changement climatique, souhaitent que les mesures d’adaptation à cette situation soient reconnues comme aussi importantes que celles visant à limiter le réchauffement. Ils veulent voir une aide en ce sens plus clairement inscrite dans l’accord.

Le débat semble avoir progressé: « il n’y a plus de pays développés aujourd’hui qui essaient de minorer l’importance de l’adaptation », souligne la négociatrice française Laurence Tubiana. Certains Etats, comme les îles qui seront très affectées par l’élévation du niveau des océans, réclament que soient en outre prévus des « pertes et dommages » pour compenser les dégâts subis.

– Les financements

Les pays en développement exigent que soit précisée la façon dont les pays industrialisés comptent arriver à verser les 100 milliards de dollars par an promis d’ici 2020, afin de financer notamment leur basculement vers des énergies propres. A ce stade, le Fonds vert de l’ONU pour le climat, un des mécanismes financiers, a franchi le cap des 10 milliards de dollars pour 2015-18. Les pays riches refusent toute mention d’engagement financier à long terme dans l’accord, dans un monde instable où les situations économiques évoluent.

– Objectifs de long terme

En 2009 à Copenhague, les Etats se sont accordé pour limiter la hausse de la température mondiale à 2° par rapport aux niveaux pré-industriels. Mais les désaccords sont profonds sur la manière d’y parvenir. Se donne-t-on un objectif global (objectif zéro émission nette et quand)? Définit-on une trajectoire pour l’atteindre? Les petites îles de leur côté militent toujours pour limiter le réchauffement à 1,5°.

– La forme juridique de l’accord, les mécanismes de contrôle et de révision des engagements

S’agira-t-il d’un protocole, nécessitant ratification par les Parlements (comme le protocole de Kyoto dont l’accord de Paris est censé prendre le relais)? Ou d’une simple déclaration politique? Les engagements nationaux de réduction des gaz à effet de serre feront-ils partie de l’accord (engageant ainsi les Etats) ou d’annexes, ou en seront-ils totalement séparés?

Y aura-t-il un mécanisme de contrôle des mesures nationales? Les engagements de réduction d’émissions, attendus de tous les Etats au fil de l’année, seront probablement insuffisants pour maintenir le monde sous les 2°C, et la mise en place d’un mécanisme permettant leur révision future régulière est désormais au centre des tractations. Dans tous les cas, il n’y aura pas de régime de sanctions. « La contrainte, ce sera l’engagement international, l’obligation de transparence, l’effet de réputation », explique Mme Tubiana.

AFP