Six mois après l’élection de Donald Trump qui a menacé de se retirer de l’accord de Paris sur le climat, les délégations de 196 pays ont débuté lundi à Bonn des discussions sur la mise en œuvre de ce pacte pour limiter le réchauffement de la planète.
« Cet accord international est le dernier espoir de survie pour les petits États insulaires », avait déclaré Thoriq Ibrahim, le ministre de l’Environnement des Maldives, à la veille de la reprise des pourparlers, une déclaration reflétant l’extrême inquiétude des pays les plus vulnérables au changement climatique, renforcée avec l’arrivée d’un président américain climato-sceptique. La communauté internationale s’est engagée en décembre 2015 à Paris à agir pour limiter la hausse de la température moyenne « bien en deçà de +2°C » -un seuil déjà synonyme de bouleversements à grande échelle- et « si possible à +1,5°C » par rapport à l’ère industrielle. Les engagements actuels conduisent à une hausse de 3°C du thermomètre mondial.
Lundi, alors que les réunions techniques sur les règles d’application de l’accord débutaient, les spéculations sur la sortie ou le maintien des États-Unis allaient bon train dans les couloirs du Centre de congrès international de Bonn. « Il y a mardi soir une réunion à la Maison Blanche à ce sujet mais cela ne veut pas dire qu’il y aura une annonce, qui pourrait avoir lieu avant ou lors du prochain G7 » fin mai, a déclaré lors d’une conférence de presse Brandon Wu, de l’ONG Christian Aid.
Si Trump a commencé à démanteler la politique climat de Barack Obama, il n’a pas encore tranché sur la sortie ou le maintien des États-Unis dans l’accord, ses proches collaborateurs étant partagés sur ce sujet. Tout en souhaitant un maintien des États-Unis, plusieurs observateurs présents à Bonn ont souligné qu’il ne serait pas forcément un soulagement car les Américains pourraient, de l’intérieur, affaiblir la dynamique en faveur d’une action déterminée pour endiguer le réchauffement de la planète. « Si les États-Unis restent dans l’accord mais envoient aux autres pays le signal qu’ils peuvent réduire leur niveau d’ambition, alors nous avons un problème », estime Brandon Wu.
144 pays ont ratifié
Paula Caballero, experte auprès du World resources institute, juge qu’un « retrait des États-Unis créerait des difficultés, oui, mais ce ne serait pas insurmontable, cela ne changera pas le sens de l’Histoire ». « Il y a un fossé entre les plans d’actions des gouvernements et l’objectif des 2°C », a-t-elle rappelé, et « Bonn est une étape importante pour définir comment le niveau d’ambition va être renforcé ». Une délégation américaine réduite est présente à Bonn et est conduite par Trigg Talley, qui était déjà en poste sous l’administration Obama, mais son mandat n’est pas connu. Un source au département d’État a indiqué que les États-Unis voulaient « s’assurer que des décisions ne porteraient pas préjudice » à leur politique, à la compétitivité de leurs entreprises, et plus généralement à leur croissance économique.
A l’exception de la Syrie et du Nicaragua, tous les membres de la Convention de l’Onu sur le climat ont signé l’accord de Paris. Sur 195 signataires (194 pays plus l’Union européenne), 144 l’ont ratifié, soit 83% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Parmi les grands émetteurs, seule la Russie (5e après la Chine, les États-Unis, l’Union européenne et l’Inde) n’a pas ratifié le texte. Si les gouvernements américain et russe sont en retrait de la lutte climatique, la Chine et l’Inde ont réaffirmé leurs engagements, qui leur permettent aussi de lutter contre la pollution de l’air et de réduire leur facture pétrolière.
Le Quotidien/AFP