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Chasse à la baleine : Paul Watson, recherché par le Japon, arrêté au Groenland


Paul Watson a fondé les organisations Sea Shepherd et CPWF. Il a suscité la controverse avec sa tactique de confrontation directe avec des navires baleiniers en mer. (Photo : Paul Watson)

Paul Watson, célèbre militant écologiste américano-canadien opposé à la chasse à la baleine et visé par un mandat d’arrêt international émis par le Japon, a été arrêté au Groenland, territoire autonome danois et placé en détention jusqu’au 15 août.

Paul Watson a été appréhendé sur son navire qui venait d’accoster dimanche à Nuuk, capitale du Groenland, pour se ravitailler en carburant en vue d' »intercepter » le nouveau navire-usine baleinier du Japon dans le Pacifique Nord, a indiqué la Fondation du capitaine Paul Watson (CPWF) dans un communiqué.

Le Japon est, avec la Norvège et l’Islande, l’un des trois derniers pays au monde qui pratique encore la chasse commerciale à la baleine.

La vidéo publiée par CPWF sur les médias sociaux montre des officiers menottant Watson sur le pont du navire John Paul DeJoria, le plaçant ensuite à l’intérieur d’une camionnette de police avant de l’emmener.

Il a ensuite été présenté à un juge qui a statué sur son placement en détention jusqu’à ce qu’une décision soit prise quant à son extradition vers le Japon, a indiqué dimanche la police du Groenland dans un communiqué.

Le tribunal de district de Nuuk, au Groenland, « a décidé que Paul Watson serait détenu jusqu’au 15 août et la décision a fait l’objet d’un appel devant la Haute Cour du Groenland », a indiqué le juge Stig Nørskov-Jensen, du tribunal du Groenland.

La décision d’extrader ou non M. Watson reviendra in fine au ministère danois de la Justice, selon le communiqué de la police.

« Le mandat d’arrêt japonais est illégal. Il viole tous les traités internationaux sur les droits de l’homme », a estimé Me François Zimeray, l’un des avocats de Watson, jugeant qu’en cas d’extradition, le Danemark « violerait sa propre Constitution et la Convention européenne des droits de l’homme ».

Paul Watson a fondé les organisations Sea Shepherd et CPWF. Il a suscité la controverse avec sa tactique de confrontation directe avec des navires baleiniers en mer.

Selon CPWF, il a été arrêté sur la base d’une notice rouge d’Interpol, pour d’anciennes actions dans l’Antarctique, qui avait disparu, laissant croire qu’elle avait été retirée.

« Il semble que le Japon ait rendu la notice confidentielle afin de faciliter le voyage de Paul dans le but de procéder à une arrestation », écrit la fondation dans son communiqué.

L’ancienne actrice française, Brigitte Bardot, dont la fondation est engagée pour la cause animale, a estimé, dans une interview au quotidien Le Parisien, que le « gouvernement japonais (…) a déclenché une chasse à l’homme mondiale » contre Paul Watson qui « est tombé dans le piège ».

« Il faut tout faire pour sauver Paul », a encore dit la star. Le gouvernement japonais n’a pas réagi à cette arrestation.

Navire-usine

Le bateau de la fondation de Paul Watson se dirigeait vers le passage du Nord-Ouest – voie maritime reliant, à travers l’archipel Arctique canadien, l’océan Atlantique et l’océan Pacifique – dans le cadre de sa campagne visant à « intercepter le Kangei Maru, un navire-usine récemment construit par le Japon, dans le Pacifique Nord ».

Le Japon défend la chasse à la baleine en affirmant qu’elle constitue une question de « sécurité alimentaire » dans ce pays pauvre en ressources, qui importe de grandes quantités de viande animale.

Mais sa consommation est tombée à environ 2.000 tonnes par an, alors qu’elle était 200 fois supérieure dans les années 1960.

Le Japon a quitté en 2019 la Commission baleinière internationale (CBI) pour s’affranchir d’un moratoire mondial sur la chasse aux baleines.

Il pêche ainsi de nouveau la baleine ouvertement pour des raisons commerciales, mais en se cantonnant à son propre espace maritime.

La CPWF soupçonne le Japon de vouloir reprendre la chasse en haute mer dans l’océan Austral et le Pacifique Nord d’ici 2025.

Elle estime que la réactivation de la notice rouge à l’encontre de Watson est « politiquement motivée, coïncidant avec le lancement du nouveau navire-usine ». Watson était recherché par le Japon pour avoir causé des dommages et des blessures lors de deux incidents survenus dans l’océan Antarctique en 2010 à l’encontre d’un navire baleinier japonais.