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CESE : porter la voix des jeunes Européens


L’un des objectifs du CESE est de faire entendre davantage la voix des jeunes Européens auprès des institutions. (Photo CESE)

L’un des objectifs du CESE est de faire entendre davantage la voix des jeunes Européens auprès des institutions. Rencontre avec deux représentantes de la jeunesse pour aborder le rapport à l’UE des jeunes de leurs pays respectifs.

Katrīna Leitāne de Lettonie : «Les organisations de jeunesse ont un grand rôle à jouer»

(Photo Tatiana Salvan)

Représentante du Conseil national de la jeunesse de Lettonie, Katrīna Leitāne est membre du groupe III du CESE, «diversité Europe», qui rassemble notamment les organisations de la société civile. Elle préside le CESE des Jeunes.

En tant que porte-voix de la jeunesse au CESE, pouvez-vous nous dire quelles sont les principales préoccupations des jeunes Européens ?

Katrīna Leitāne : La crise du logement et l’augmentation du coût de la vie sont de réels sujets de préoccupation. La problématique de la désinformation aussi est importante, de même que le changement climatique et tout ce qui concerne la santé mentale et l’accès aux soins.

Qu’en est-il plus spécifiquement des jeunes Lettons ?

La Lettonie étant un pays balte et post-soviétique, la sécurité et la défense sont des enjeux particulièrement importants pour les Lettons. Bien plus que pour des pays plus éloignés de la Russie. À l’inverse, la question migratoire est moins prégnante qu’elle peut l’être en Grèce ou en Espagne par exemple. L’accès à des logements durables, qui est difficile, est aussi une préoccupation. Nous avons de vieux buildings datant de l’époque soviétique dont la rénovation prend beaucoup trop de temps et qui affectent le climat. Le taux de chômage des jeunes est similaire à celui de la moyenne européenne : 14,6 % des moins de 25 ans sont sans emploi en Lettonie. Mais le plus gros défi est d’obtenir un emploi de qualité, les jeunes aspirent à un équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Quel regard portent les jeunes Lettons sur l’UE ?

La majorité sont plutôt pro-européens, car ils sont conscients des nombreuses opportunités que l’UE a à leur offrir, que ce soit en matière de liberté de circulation, d’éducation, d’emploi… Cependant, il faut renforcer la confiance et les organisations de jeunesse ont un grand rôle à jouer dans la construction de cette confiance. Et il y a un défi que l’Europe doit relever : les jeunes Lettons disent ne pas connaître grand-chose à l’UE, qu’il n’y a pas suffisamment d’informations accessibles et compréhensibles. J’estime à titre personnel que la citoyenneté européenne et les processus de décision européens devraient être intégrés aux systèmes éducatifs. C’est important : en Lettonie par exemple, 80 % de la législation provient de l’UE.

Pensez-vous que les jeunes soient suffisamment intégrés dans les processus de décision européens ?

Il y a clairement une marge de progression. Or c’est important de les y intégrer car ce sont eux qui vivront avec les conséquences de ce qui se décide maintenant. Les autorités publiques doivent être plus ouvertes aux jeunes, nous devons changer notre façon de penser.

Nicoletta Merlo d’Italie : «Nous devons soutenir les pays qui croient fermement à l’Europe»

 

(Photo Tatiana Salvan)

Nicoletta Merlo est membre du groupe II du CESE, celui des travailleurs. Elle y représente les jeunes syndicalistes. Elle est responsable du département des Politiques de la jeunesse du CISL, la Confédération italienne des syndicats de travailleurs.

Quelles sont les principales préoccupations des jeunes Italiens ?

Nicoletta Merlo : Nous faisons face à un grand problème en Italie : il y a plus de deux millions de « Neets » [NDLR : « Not in Education, Employment or Training» » des jeunes sans emploi, qui ne suivent pas d’études ni de formation. Cela représente 19 % des jeunes, soit le taux le plus élevé des pays de l’UE]. Il n’y a pas d’opportunité de travail, ou alors seulement du travail précaire. Ces jeunes n’ont donc pas de stabilité, et sans stabilité, impossible d’avoir un projet de vie. Le climat et l’éducation sont aussi des thèmes qui leur tiennent à cœur. La guerre en Ukraine est un sujet discuté et, ce qui est certain, c’est que les jeunes Italiens sont en faveur de la paix. Mais la manière d’y parvenir divise énormément.

Quel regard portent-ils sur l’UE ?

Ils font confiance à l’Europe et sont aussi conscients de tout ce que l’Europe distribue aux pays, en particulier à Italie, avec le Plan national de relance et de résilience (PNRR) [NDLR : 122,6 milliards d’euros de prêts et 71,8 milliards d’euros de subventions financés par l’UE]. Ils savent également que les décisions les plus importantes seront décidées au niveau européen et qu’il est important de rester dans ce contexte. Mais elle leur parait lointaine et ils espèrent que leur voix soit entendue par les institutions.

Le président du CESE, Oliver Röpke, se positionne fermement en faveur de l’implication dans les travaux du comité de représentants des pays candidats. Face aux nombreuses difficultés déjà présentes, l’agrandissement de l’Union est-il souhaitable ?

Il s’agit de solidarité et en tant que syndicaliste, c’est une évidence. Nous devons soutenir les pays qui croient fermement à l’Europe et veulent la rejoindre. Plus nous sommes nombreux, plus nous pouvons accomplir de choses sur le plan économique, au niveau de la paix, etc. Leur participation aux CESE envoie un signal au reste des institutions européennes, tout comme nous l’avons fait en incluant les jeunes. Notre approche a joué un grand rôle, la Commission commence à suivre cet exemple. Nous voulons qu’il en aille de même avec les pays candidats.