Les députés britanniques ont repris leurs travaux mercredi à la mi-journée dans une atmosphère surchauffée après l’arrêt historique de la Cour suprême qui a annulé la décision controversée du Premier ministre Boris Johnson de suspendre le Parlement à l’approche du Brexit.
Le Premier ministre devait s’exprimer dans l’après-midi, selon sa porte-parole, sur cette décision qui a porté un grave coup à son autorité et déclenché des appels à sa démission. Nul doute qu’il sera confronté à un barrage de critiques alors que les premières prises de parole ont donné lieu à des échanges acides entre les députés conservateurs et l’opposition.
« Ce Parlement est mort ! Il ne devrait plus siéger ! » s’est écrié l’attorney général (conseiller juridique du gouvernement) Geoffrey Cox, qui avait assuré le gouvernement de la légalité de la suspension avant qu’elle soit annoncée fin août. Il a annoncé que l’exécutif désormais minoritaire déposerait « bientôt » une motion pour la tenue d’élections législatives anticipées, pour la troisième fois après deux précédentes tentatives mises en échec par les députés, trop « lâches » selon lui.
Manque de « courage »
Selon plusieurs sondages d’opinion, le Parti conservateur arriverait en tête en cas d’un scrutin anticipé. Mais l’opposition ne veut pas en entendre parler avant que la menace d’un Brexit sans accord ait effectivement été écartée. « Ce Parlement devrait avoir le courage d’affronter les électeurs, mais il ne le fera pas », a accusé Geoffrey Cox. « Il ne le fera pas, parce que beaucoup d’entre eux (les députés) veulent réellement nous empêcher de quitter l’Union européenne ».
Presque étranglé par la colère, le travailliste Barry Sheerman a rétorqué en dénonçant la « manipulation cynique » du gouvernement pour tenter de faire taire le Parlement avant le Brexit, qu’il souhaite mettre en œuvre à tout prix le 31 octobre. Sans expliquer comment, Geoffrey Cox a toutefois assuré que l’exécutif respecterait une loi votée dans l’urgence, avant la suspension, l’obligeant à demander un délai en cas de « no deal » avant l’échéance.
Suspendu depuis le 10 septembre, le Parlement devait le rester jusqu’au 14 octobre, à seulement deux semaines de la date prévue du Brexit. Mais cet ajournement a été jugé « illégal » par la plus haute juridiction du pays, qui a estimé qu’il entravait le bon fonctionnement du Parlement.
LQ/AFP