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Catalogne : majorité absolue des sièges pour les indépendantistes


La victoire des indépendantistes s'annonce historique. (photo AFP)

Les partis indépendantistes auraient remporté dimanche la majorité absolue des sièges aux élections régionales en Catalogne, selon des résultats partiels, un succès qu’ils présentent comme un mandat pour mener cette riche région d’Espagne à la sécession.

Selon ces résultats portant sur plus de 60% des bulletins, la liste « Ensemble pour le oui », principale coalition indépendantiste, obtient 62 sièges. L’autre liste indépendantiste de la Candidature d’unité populaire (CUP, extrême gauche) en obtient 10.

Ensemble, elles réuniraient 72 sièges sur 135, au-dela de la majorité absolue à 68 sièges qu’elles briguaient. En pourcentage, elles concentrent 47,3% des suffrages, selon ces résultats.

Le président indépendantiste sortant Artur Mas a revendiqué la victoire, en lançant: « Nous avons gagné! ».

« A l’Etat espagnol, sans rancoeur, adieu », a lancé sur son compte twitter Antonio Baños, chef du petit parti indépendantiste de la gauche anticapitaliste CUP.

Les partis coalisés derrière M. Mas au sein d' »Ensemble pour le oui » doivent toutefois encore s’entendre avec la CUP pour former une majorité.

Celle-ci a jusqu’à présent soutenu que l’indépendance ne pouvait pas être proclamée sans une nette majorité des voix. Elle ne veut pas non plus reconduire au pouvoir le conservateur Artur Mas, auquel elle reproche sa politique d’austérité.

Les autres partis ont appelés les indépendantistes à ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, évoquant des surprises possibles après une participation exceptionnelle.

Selon les chiffres du gouvernement régional de Catalogne, la participation a atteint 76,75 %, dépassant de 9 points celle du dernier scrutin régional en 2012.

Artur Mas est parvenu à transformer ce scrutin en plébiscite, promettant qu’en cas de victoire, lui et ses alliés mèneraient la Catalogne vers l’indépendance, en 2017 au plus tard.

Depuis trois ans, M. Mas n’avait cessé d’exiger un référendum d’autodétermination semblable à celui organisé en Ecosse il y a un an, où le non l’avait emporté. Mais Madrid a toujours refusé, arguant de son inconstitutionnalité.

A la faveur de la crise et de médiocres relations avec le pouvoir central, le nationalisme de nombreux Catalans fiers de leur culture a viré à l’indépendantisme.

Le chef du gouvernement conservateur, Mariano Rajoy, s’est impliqué personnellement dans la campagne, plaidant pour une « Espagne unie », et dressant la liste des catastrophes qui, selon lui, guettent les Catalans en cas d’indépendance unilatérale: exclusion de l’UE, explosion du chômage, effondrement des retraites.

Les autres votes se seraient portés surtout sur les libéraux de Ciudadanos (19 à 21 sièges), résolument opposés à l’indépendance, qui deviendraient le second parti de Catalogne, le Parti socialiste (14 à 16 sièges) qui prône une révision de la Constitution pour accorder plus d’autonomie aux Catalans, et à la gauche radicale ralliée autour de Podemos, nouveau parti anticapitaliste allié du grec Syriza. Le Parti Populaire de M. Rajoy s’effondrerait et passerait de 19 sièges à 11 maximum.

AFP / S.A.

Un cinquième du PIB de l’Espagne

Si la Catalogne s’en allait, elle emporterait avec elle un cinquième du PIB de l’Espagne, quatrième économie de la zone euro, et un quart de ses exportations. L’éventualité inquiète banquiers et entrepreneurs, qui invitent au dialogue entre Madrid et Barcelone. Barack Obama, David Cameron et Angela Merkel ont également souhaité le maintien de l’unité.

Quel que soit le résultat final, ce scrutin fait entrer l’Espagne dans une zone de fortes turbulences, à trois mois des élections législatives. D’autant que le gouvernement a prévenu qu’il agirait contre tout acte « illégal ». Toni Valls, architecte de 28 ans, a voté à Barcelone, pour les indépendantistes: « C’est une question de dignité et de respect pour une culture différente qu’ils (le gouvernement) n’ont même pas cherché à comprendre », dit-il.

« Ce n’est pas le moment de nous séparer. Moi, cela va me toucher directement, s’il n’y a pas de retraites. Il faut rester en Espagne, mais avec un gouvernement plus autonome », estimait au contraire Mireia Galobart, retraitée de 70 ans.