La coalition au pouvoir dans la région espagnole de Catalogne a encore défié Madrid, mardi, en promettant de déclarer « immédiatement » l’indépendance si elle remportait le référendum d’autodétermination qu’elle veut organiser le 1er octobre.
« Si une majorité des votes émis est en faveur de la création d’un république catalane, il faudra évidemment et immédiatement déclarer l’indépendance », a dit une élue régionale de la petite formation séparatiste d’extrême gauche CUP, Gabriela Serra, lors de la présentation – par des élus indépendantistes de tous bords – de la loi devant servir à organiser le référendum. En cas de victoire du « non », a-t-elle précisé, de nouvelles élections régionales seraient convoquées.
La loi organisant le référendum « établira un régime juridique exceptionnel », a déclaré l’élu Jordi Orobitg de la coalition « Ensemble pour le oui » (Junts pel si), composée de séparatistes de droite et de gauche. « Elle prévaudra sur les autres normes », a expliqué un autre élu de cette coalition, Lluis Corominas, annonçant un bras de fer avec Madrid au cœur de l’été. Pour les séparatistes, cette loi sera en effet au-dessus de la Constitution espagnole car, stipule son article 2, le « peuple de Catalogne est un sujet politique souverain ».
« Coup d’État »
« C’est un coup d’État qui prend des apparences démocratiques », a immédiatement réagi Xavier Garcia-Albiol, chef en Catalogne du Parti populaire (conservateur) qui gouverne l’Espagne. La Catalogne, deuxième région la plus peuplée d’Espagne – avec 7,5 millions d’habitants sur 47 – a vécu depuis le début des années 2010 un essor fulgurant de l’indépendantisme, favorisé par l’absence de dialogue avec les conservateurs arrivés au pouvoir à Madrid fin 2011.
Dès 2014, le gouvernement régional du nationaliste Artur Mas avait voulu organiser un référendum s’inspirant du modèle écossais. Mais, face à l’opposition de Madrid, il l’avait transformé en une consultation sans conséquences légales, qui avait été interdite par la justice. Un an plus tard, en septembre 2015, les séparatistes de tous bords l’avaient emporté avec près de 47% des suffrages, ce qui leur donne 72 sièges sur 135 au Parlement régional. Même si leur victoire n’avait alors pas été aussi large qu’espéré, ils avaient considéré que les Catalans leur avaient donné carte blanche pour mener la région vers l’indépendance, leur programme électoral était centré sur cette promesse.
La société catalane est pourtant encore profondément divisée : 48,5% des Catalans sont contre la sécession, 44,3% pour, selon un récent sondage d’un institut dépendant du gouvernement catalan. Mais une très large majorité, plus de 70%, aimerait trancher la question par un référendum.
Le gouvernement espagnol du conservateur Mariano Rajoy est fermement opposé à ce référendum et répète qu’une question relative à la souveraineté nationale doit être débattue par l’ensemble des Espagnols. Il a saisi la Cour constitutionnelle, qui, une fois de plus, a déclaré cette consultation illégale. En février, la Cour avait fait savoir à l’exécutif catalan que toute action en ce sens serait passible de poursuites. L’annonce de mardi intervient au lendemain d’une crise au sein du camp indépendantiste, déclenchée par les déclarations d’un membre de l’exécutif régional qui doutait de la viabilité en l’état d’un référendum d’autodétermination.
Le Quotidien/AFP