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Carles Puigdemont, le leader indépendantiste catalan, arrêté en Italie


Arrêté en Sardaigne, Carles Puigdemont sera présenté à un juge ce vendredi pour une éventuelle extradition. (Photo : AFP)

L’eurodéputé indépendantiste et ex-président catalan Carles Puigdemont, en exil en Belgique depuis 2017 après la tentative de sécession de la Catalogne, a été arrêté jeudi en Italie, faisant planer le risque d’une nouvelle crise entre Madrid et Barcelone.

« Le président Puigdemont a été arrêté à son arrivée en Sardaigne, où il se rendait en tant qu’eurodéputé », a affirmé son avocat Gonzalo Boye sur Twitter, expliquant que son arrestation avait eu lieu sur la base d’un mandat d’arrêt européen datant du 14 octobre 2019.

Le leader catalan, âgé de 58 ans, a été arrêté à Alghero, a confirmé sur Twitter son chef de cabinet, Josep Lluis Alay.

« À son arrivée à l’aéroport d’Alghero, il a été arrêté par la police aux frontières italienne. Demain (vendredi), le président sera présenté aux juges de la Cour d’appel de Sassari, qui est compétente pour décider de sa libération ou de son extradition » vers l’Espagne, a indiqué Josep Lluis Alay.

Le nouveau président régional de la Catalogne, Pere Aragones, un séparatiste, mais de tendance plus modérée que M. Puigdemont, a immédiatement réagi sur Twitter, « (condamnant) fermement la persécution et cette répression judiciaire ».

« Assez. L’amnistie est la seule voie. L’autodétermination la seule solution. À tes côtés Carles », a lancé Josep Lluis Aragones.

À Madrid, le gouvernement espagnol du socialiste Pedro Sánchez a exprimé « son respect pour les décisions des autorités et des tribunaux italiens ».

« L’arrestation de M. Puigdemont correspond à une procédure judiciaire en cours qui s’applique à tout citoyen de l’UE devant répondre de ses actes devant les tribunaux », a affirmé dans un communiqué le palais de la Moncloa, siège du gouvernement espagnol, ajoutant que M. Puigdemont devrait « se soumettre à l’action de la justice comme tout autre citoyen ».

 

« Alerte maximale » 

Des appels indépendantistes à manifester vendredi, jour férié en Catalogne, devant le consulat d’Italie à Barcelone commençaient à circuler sur les réseaux sociaux, alors qu’un ancien président régional, Quim Torra, a qualifié de « catastrophique » une éventuelle extradition de M. Puigdemont vers l’Espagne et appelé les indépendantistes à être « en alerte maximale ».

Josep Lluis Alay, le chef de cabinet de Carles Puigdemont, a précisé que celui-ci s’était rendu à Alghero afin de participer à un festival culturel et de s’entretenir avec des élus de l’île italienne.

L’arrestation en Italie de Carles Puigdemont est survenue une semaine après la reprise des négociations entre le gouvernement central de gauche et l’exécutif régional catalan, dont l’objectif est de trouver une issue à la crise politique en Catalogne.

Le Parlement européen avait levé l’immunité parlementaire de Carles Puigdemont et de deux autres eurodéputés indépendantistes le 9 mars à une large majorité, mesure qui avait été confirmée le 30 juillet par le Tribunal de l’UE.

Mais la décision du Parlement européen a fait l’objet d’un recours dont le jugement définitif sur le fond de la part de la justice de l’UE doit être prononcé « à une date ultérieure ».

Selon l’interprétation de l’avocat de Carles Puigdemont, Gonzalo Boye, la décision du Parlement est donc « suspendue ».

Exilé en Belgique depuis la tentative de sécession manquée de 2017 afin d’échapper aux poursuites de la justice espagnole, Carles Puigdemont n’avait pas bénéficié de la grâce accordée fin juin à neuf indépendantistes incarcérés en Espagne, le gouvernement du socialiste Pedro Sánchez souhaitant toujours qu’il soit jugé en Espagne.

Carles Puigdemont est poursuivi pour « sédition » et « détournements de fonds publics ».

Crise majeure 

Principale figure de la tentative de sécession de la Catalogne de 2017, Carles Puigdemont avait été destitué par Madrid.

Il s’était alors enfui en Belgique pour échapper à la justice espagnole, qui avait condamné en octobre 2019 à la prison plusieurs anciens membres de son équipe gouvernementale pour sédition.

En mars 2018, il avait été arrêté une première fois à la demande de l’Espagne, en Allemagne cette fois. Mais il avait été libéré quelques jours plus tard après l’abandon par la justice allemande de l’accusation de « rébellion » à son encontre.

La tentative de sécession de la Catalogne, en octobre 2017, a été l’une des pires crises vécues par l’Espagne depuis la fin de la dictature franquiste en 1975.

Malgré l’interdiction de la justice, le gouvernement régional présidé par Carles Puigdemont avait organisé un référendum d’autodétermination émaillé de violences policières et suivi, quelques semaines plus tard, d’une déclaration d’indépendance mort-née.

Le gouvernement espagnol, alors dirigé par les conservateurs, avait réagi en mettant la région sous tutelle et en arrêtant les principaux dirigeants du mouvement qui n’avaient pas fui à l’étranger.

AFP