Accueil | Monde | Canada : deuxième mandat, mais sans majorité, pour Justin Trudeau

Canada : deuxième mandat, mais sans majorité, pour Justin Trudeau


"Ce soir les Canadiens ont rejeté la division", s'est félicité Justin Trudeau. (photo AFP)

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a obtenu un deuxième mandat lundi mais son parti libéral s’est contenté d’une majorité relative au Parlement, ce qui l’obligera à compter sur l’appui d’un petit parti de gauche pour survivre.

Selon les projections des télévisions vers 6h GMT mardi, les libéraux avaient remporté ou étaient en tête dans 156 des 338 sièges en lice à la Chambre des communes. Dans l’assemblée sortante, ils disposaient d’une confortable majorité absolue de 177 sièges. « Vous l’avez fait mes amis, félicitations », a lancé un Justin Trudeau tout sourire à ses partisans réunis au centre de Montréal.

« Ce soir les Canadiens ont rejeté la division », a-t-il ajouté. Ils « ont rejeté les coupes et l’austérité et voté en faveur d’un programme progressiste et d’une action forte contre le changement climatique ». Quasiment au même moment, son rival malheureux, le chef conservateur Andrew Scheer reconnaissait sa défaite et félicitait le Premier ministre, tout en lui adressant une mise en garde. « Son leadership est endommagé et son temps au gouvernement va bientôt prendre fin », a-t-il prévenu. »Quand ce moment viendra les conservateurs seront prêts ».

Les gouvernements minoritaires au Canada ont une espérance de vie estimée par les experts entre 18 et 24 mois en moyenne. Sans attendre les résultats définitifs, le président américain Donald Trump a quant à lui salué dans un tweet la victoire de Justin Trudeau, « magnifique et remportée de haute lutte ».

Alors qu’ils étaient donnés au coude-à-coude avec les libéraux par tous les sondages, les conservateurs devraient se contenter d’un peu plus de 120 circonscriptions, suivis des indépendantistes du Bloc québécois (32) et du Nouveau Parti Démocratique (NPD, gauche) avec 24 sièges. Tous les dirigeants des grands partis ont été réélus.

Affaibli par les scandales

Trudeau remporte donc son pari d’un deuxième mandat, malgré les nombreux scandales qui ont marqué ses quatre années au pouvoir et les attaques souvent virulentes de l’opposition sur son bilan. Mais il ressort affaibli de ce scrutin pour se maintenir au pouvoir, il devra obtenir le soutien d’un petit parti, vraisemblablement le NPD de Jagmeet Singh. Dès mardi, le dirigeant libéral pourrait donc entamer de délicates discussions en vue d’accords ponctuels lors des votes à la Chambre.

« Il y aura sans doute un rapprochement plus facile entre les libéraux et le NPD qu’avec le Bloc », estime Hugo Cyr, politique à l’université du Québec à Montréal. « Si le parti libéral fait les concessions attendues par le NPD, ça peut être assez solide, on peut s’imaginer que ça durera au moins 18 à 24 mois », estime-t-il. « Mais c’est certain que le parti libéral devra mettre un peu d’eau dans son vin ». Il devra ensuite former un nouveau gouvernement, rédiger son programme législatif puis le soumettre au vote du nouveau Parlement lors du discours du Trône. C’est lors de ce vote de confiance que le nouveau gouvernement minoritaire connaîtra son baptême du feu.

A 47 ans, Justin Trudeau n’a plus les atouts de la jeunesse et de la nouveauté qui avaient contribué à le porter au pouvoir, à la surprise générale, en 2015 face au conservateur Stephen Harper. Et le dirigeant libéral termine son premier mandat affaibli par plusieurs scandales. Sa popularité a chuté après une affaire d’ingérence politique dans une procédure judiciaire et la publication en pleine campagne de photos de lui grimé en Noir (« blackface ») a brouillé son image. Tout au long de la campagne, il a défendu son bilan : économie solide, cannabis légalisé, taxe carbone, accueil de dizaines de milliers de réfugiés syriens, accords de libre-échange signés avec l’Europe ou les États-Unis et le Mexique…

LQ/AFP