Le négociateur en chef de l’UE pour le Brexit, Michel Barnier, a prévenu jeudi que rien ne justifierait une absence d’accord avec le Royaume-Uni sur sa sortie de l’Union européenne.
«Il n’y aurait à mes yeux aucune justification raisonnable pour le scénario du +no deal+ (…) il n’y a aucune raison d’aggraver encore les conséquences du Brexit, voilà pourquoi nous voulons un accord», a-t-il plaidé, lors d’une conférence devant des représentants de la société civile européenne à Bruxelles. «Voilà pourquoi les 27 Etats membres et le Parlement européen veulent un accord et –je le dis à nos partenaires britanniques– un accord équilibré est de très loin préférable à une absence d’accord», a-t-il dit en français, avant de répéter à deux reprises les mêmes propos en anglais: «A fair deal is far better than no deal».
«En réalité le +no deal+ aggraverait la situation perdant/perdant qui résulte nécessairement du Brexit. Et je pense objectivement que le Royaume-Uni aurait encore plus à perdre que ses partenaires», a-t-il dit. «Dans une négociation classique, le +no deal+ revient au statut quo. Dans le cas du Brexit, le +no deal+ serait un retour à un passé lointain», a-t-il ajouté. A Londres, le gouvernement conservateur de Theresa May a réagi par la voix d’un porte-parole, qui a souligné l’importance d’établir un accord commercial.
«Nous ne sommes qu’au début des négociations, mais je dirais qu’une relation commerciale avec un minimum de frictions entre le Royaume-Uni et l’UE est clairement dans l’intérêt des deux parties», a déclaré le porte-parole. «Nous souhaitons un accord de libre-échange global et un nouvel accord douanier», a-t-il précisé. Le Royaume-Uni et l’UE ont démarré formellement en juin les négociations sur le Brexit. Londres a alors accepté les conditions de l’Union sur le calendrier, se rangeant aux priorités fixées par Bruxelles: traiter d’abord des droits des citoyens, c’est-à-dire les trois millions d’Européens vivant au Royaume Uni et réciproquement plus d’un million de Britanniques vivant en Europe.
Viendra ensuite la question du règlement financier des engagements de Londres envers l’Union, évalué jusqu’à 100 milliards d’euros –la facture du divorce à payer par les Britanniques– puis le très délicat problème de la frontière entre l’Irlande et la province britannique d’Irlande du Nord. Seulement une fois que des progrès «suffisants» auront été accomplis sur ces dossiers, l’Union européenne compte entamer des négociations sur sa relation future avec le Royaume Uni, notamment sur le plan commercial, question très chère aux Britanniques.
Jeudi, Michel Barnier a insisté une fois encore sur le fait qu’il n’y aurait pas d’Union européenne à la carte pour le Royaume Uni. «Il ne peut pas y avoir de participation au marché unique secteur par secteur: vous ne pouvez pas quitter le marché unique et ensuite vouloir y revenir pour les secteurs qui vous intéressent le plus, comme l’industrie automobile et les services financiers», a-t-il prévenu.
Et de marteler: «Vous ne pouvez pas être à moitié dans le marché unique et à moitié en dehors». Michel Barnier a également rappelé que les négociations sur le Brexit devaient être bouclées d’ici à octobre 2018 pour permettre une ratification d’un accord final par toutes les parties concernées d’ici à mars 2019.
Le Quotidien