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Brexit : répit judiciaire pour Boris Johnson


Boris Johnson lors de son déplacement dans la région d'Aberdeen, en Écosse, vendredi. (photo AFP)

Boris Johnson a obtenu vendredi un répit de la justice britannique, particulièrement bienvenu après une semaine infernale au Parlement pour le Premier ministre qui fait déjà campagne en Écosse, pariant sur d’éventuelles élections anticipées pour imposer sa vision du Brexit.

La Haute Cour de justice à Londres a rejeté une demande d’annuler la suspension du Parlement, une décision controversée prise par le chef du gouvernement. L’action avait été intentée par Gina Miller, femme d’affaires et militante anti-Brexit, et soutenue par l’ex-Premier ministre conservateur John Major.

« Mon équipe et moi n’abandonnerons pas le combat pour la démocratie », a déclaré à la presse à l’issue de l’audience Gina Miller, qui avait déjà remporté une victoire judiciaire sur le Brexit en 2017 et compte faire appel.

Engagé dans un bras de fer, Boris Johnson ne veut pas non plus faiblir. Malgré des défaites au Parlement, où il a perdu sa majorité et où des députés ont adopté un texte lui imposant un report du Brexit, il mise sur des législatives anticipées pour trouver un nouveau souffle et est déjà en campagne.

En visite en Écosse, il a rencontré des pêcheurs et des agriculteurs et sera ensuite reçu par la reine Elizabeth II dans son château de Balmoral.

L’opposition se concerte

Après un premier échec, le gouvernement va de nouveau soumettre tard lundi soir au vote des députés une motion pour organiser des élections avant la fin octobre, qui doit réunir les deux tiers des voix pour être adoptée.

Mercredi, le Labour, principal parti d’opposition, s’était abstenu. « Jamais dans l’histoire un parti d’opposition ne s’était vu offrir une chance d’avoir une élection et ne l’avait rejetée », a répété vendredi Boris Johnson lors de son déplacement dans la région d’Aberdeen, mettant au défi Jeremy Corbyn, leader du Labour, de voter lundi en faveur de l’organisation d’élections anticipées.

Mais le succès n’est pas garanti pour cette deuxième tentative : le Parti travailliste préférerait des élections une fois le texte sur le report du Brexit entériné, son principal objectif étant d’éviter une sortie sans accord. Or les travaillistes craignent que Boris Johnson ne change la date du scrutin à sa convenance, avant le 31 octobre. Car s’il décrochait une majorité, il pourrait alors sortir de l’UE avec ou sans accord avec Bruxelles.

Les partis de l’opposition se concertent en vue du vote de lundi. Jeremy Corbyn « a eu une conférence téléphonique positive » vendredi matin avec d’autres partis d’opposition sur les « efforts en cours » pour empêcher un Brexit sans accord et sur « la tenue d’élections », a précisé un porte-parole du Labour.

« Nous sommes prêts à travailler avec d’autres pour s’assurer que nous le ferons au bon moment », c’est-à-dire celui qui garantit « un délai » , a aussi déclaré Ian Blackford, haut responsable du parti indépendantiste écossais SNP, qui représente la deuxième force d’opposition au Parlement.

Un nouveau report du Brexit, initialement prévu le 29 mars, devra être approuvé à l’unanimité des 27 autres États membres de l’UE, qui semblent s’y montrer ouverts.

«Très confiant d’obtenir un accord» 

Mercredi, les députés ont adopté une proposition de loi qui impose au Premier ministre de solliciter auprès de Bruxelles un nouveau report de trois mois du Brexit, jusqu’au 31 janvier 2020 si aucun accord n’est conclu avec l’UE d’ici au 19 octobre. Un sommet européen – qui pourrait être la dernière chance pour Londres de conclure un accord avec l’Union – est programmé les 17 et 18 octobre à Bruxelles. Mais pour le Premier ministre finlandais, Antti Rinne, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE, la possibilité d’un compromis avec Londres sur une sortie ordonnée du Royaume-Uni de l’Union « ne semble maintenant pas possible ». « Nous ne savons pas ce qui se passe là-bas. Il semble tout à fait évident que nous ne parviendrons pas à un accord de Brexit », a déclaré Antti Rinne aux journalistes après une réunion avec le président du Parlement européen David Sassoli à Helsinki.

« Je suis très confiant d’obtenir un accord lors du sommet » européen, a rétorqué Boris Johnson lors de son déplacement en Écosse, province qui, au contraire du reste du pays, a majoritairement voté en faveur d’un maintien dans l’UE lors du référendum de 2016.

Au Royaume-Uni, la Chambre des Lords devrait en principe achever l’examen du texte sur le report du Brexit vendredi soir et la législation entrer en vigueur dès lundi après approbation de la reine.

AFP