Après la démission vendredi de la Première ministre britannique Theresa May, qui a ainsi renoncé à soumettre à nouveau aux députés l’accord de retrait de l’UE qu’elle a conclu avec Bruxelles, quels scénarios pour le Brexit ?
Le nom du successeur de Theresa May ne sera pas connu avant plusieurs semaines. Il ou elle sera nommé(e) d’ici la pause parlementaire le 20 juillet, a annoncé son Parti conservateur dans un communiqué. Les Tories, dont le chef est traditionnellement le Premier ministre, tiendront une succession de votes des députés afin de déterminer deux candidats qui seront ensuite soumis au vote des militants.
Parmi les prétendants, l’ancien maire de Londres a indiqué qu’il serait « bien entendu » candidat. Boris Johnson 54 ans, a été l’un des grands artisans de la victoire du Brexit au référendum. Fervente avocate du Brexit, la ministre chargée des relations avec le Parlement a démissionné mercredi, la perte d’un soutien significatif pour Theresa May. Andrea Leadsom, 56 ans, fut finaliste malheureuse dans la course au poste de chef du gouvernement en 2016.
Il ou elle voudra vraisemblablement négocier à nouveau avec l’UE les conditions du départ, puisque Theresa May n’a pas réussi à faire avaliser son plan de retrait.
Même si Bruxelles a affirmé que le seul accord possible était celui conclu avec Theresa May. Pour ce faire, le Royaume-Uni pourrait demander à l’UE un nouveau report, d’autant que ni les députés britanniques ni les Européens ne souhaitent une sortie sans accord. Le Royaume-Uni a obtenu une prolongation jusqu’au 31 octobre au plus tard pour sortir de l’UE, alors que le Brexit devait avoir lieu le 29 mars. Un « point d’étape » sur le Brexit est prévu lors d’un sommet européen fin juin.
Un « no deal » plus que jamais crédible
Ce scénario, redouté par les milieux économiques, signifierait une sortie sans transition de l’UE et les relations entre le Royaume-Uni et l’UE seraient alors régies par les règles de l’Organisation internationale du Commerce, le pays ayant quitté du jour au lendemain le marché unique et l’union douanière. Le successeur de Theresa May, qui sera sans nul doute un Brexiter, pourrait se prononcer pour un Brexit dur, permettant au pays de nouer ses propres accords commerciaux comme le soulignent ses tenants.
L’UE et le Royaume-Uni ont intensifié ces derniers mois leurs préparatifs face à l’éventualité d’un no deal, d’autant plus crédible si le favori des militants conservateurs pour succéder à Theresa May à la tête du Parti – et donc du gouvernement – est Boris Johnson.
Un tel revirement peut hypothétiquement avoir lieu en cas de nouveau référendum qui renverserait le résultat de la première consultation. Theresa May avait fini par inclure cette possibilité dans la dernière version de son projet de retrait de l’UE, pour appâter les europhiles. Mais elle a ainsi provoqué la colère des eurosceptiques de son parti et précipité sa chute. Et cette option a déjà été rejetée par les députés lors d’une série de votes au Parlement mi-mars, ce qui rend sa probabilité très mince.
LQ/AFP
« Aucune joie » pour Juncker
« Nous respecterons le nouveau Premier ministre mais rien ne changera sur la position adoptée par le Conseil européen pour l’accord de sortie », a déclaré la porte-parole adjointe de la Commission européenne Mina Andreeva.
« Le président Juncker a appris l’annonce du Premier ministre et n’a éprouvé aucune joie. Il a apprécié de travailler avec Theresa May, qu’il respecte et considère comme une femme courageuse », a-t-elle précisé.