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Brexit : pas de progrès dans les discussions, Londres pointé du doigt


Le négociateur en chef de l'Union européenne, Michel Barnier, donnait ce vendredi une conférence de presse. (photo archives AFP)

Pas de « progrès tangible », un Royaume-Uni qui refuse de « s’engager sérieusement » : le négociateur en chef de l’UE sur le Brexit, Michel Barnier, a accablé les Britanniques vendredi, à l’issue d’une semaine de discussion sur la future relation post-Brexit.

« L’objectif que nous avions d’avancer vers des progrès tangibles (…) n’a été que très partiellement atteint au terme de cette semaine », a regretté le Français. « Le Royaume-Uni n’a pas voulu s’engager sérieusement sur un certain nombre de points fondamentaux », a-t-il déploré, à l’issue de négociations par visioconférence, pendant laquelle les Britanniques ont réaffirmé leur volonté de ne pas prolonger la période de transition. « Le Royaume-Uni ne peut pas refuser de prolonger la transition et dans le même temps ralentir les discussions dans certains domaines », a insisté Michel  Barnier.

S’il juge ces « difficultés sérieuses », le Français estime cependant qu’elles sont « encore surmontables ». La date butoir de juin pour évaluer les chances d’un accord se rapproche pourtant à grands pas et le manque de progrès fragilise la perspective d’un accord d’ici fin décembre. « En gros, ça n’a pas avancé d’un iota », résume une source européenne.

« Le problème, c’est que le Brexit est devenu la dernière roue du carrosse avec la pandémie. Il y a un manque d’attention politique – naturelle compte tenu des circonstances – et une lassitude », ajoute-t-elle. Conséquences : même si Londres et Bruxelles n’ont de cesse d’afficher leur « ambition » et leur volonté d’avancer, les divergences déjà présentes début mars, après le premier round de négociations, sont toujours là.

D’autres négociations en mai et juin

À commencer par la forme que prendrait cette nouvelle relation puisque les Britanniques souhaitent plusieurs accords (relation commerciale, pêche…) alors que l’UE en veut un global, notamment pour peser sur la négociation en avançant sur tous les sujets en même temps. Ainsi, pour Bruxelles, il n’y aura pas de partenariat si le sujet explosif de la pêche, crucial pour plusieurs États membres (France, Danemark notamment), n’est pas réglé de façon « équilibrée », a rappelé Michel Barnier. Les Britanniques n’ont d’ailleurs toujours pas présenté leur texte sur la pêche, invoquant selon la source européenne « l’extrême sensibilité du sujet ».

Autre question litigieuse, celle des conditions de concurrence que l’UE veut « transparentes et équitables » pour empêcher qu’une économie dérégulée ne surgisse à sa porte. De telles conditions supposent le respect de normes communes dans le domaine social, du travail, environnemental, fiscal notamment, ce que Londres refuse au nom « du contrôle de ses propres lois ».

Il s’agissait du deuxième round de négociation sur la future relation post-Brexit, après une longue interruption de six semaines à cause de coronavirus, les négociateurs européen Michel Barnier et britannique David Frost ayant tous deux été touchés par la maladie. Les autres séances de négociations auront lieu en mai puis début juin. « Nous devons les utiliser pour faire de vrais progrès tangibles dans tous les domaines », a martelé le Français.

Malgré une conjoncture perturbée par la pandémie, le Royaume-Uni, divorcé de l’UE le 31 janvier, refuse toute prolongation de la période de transition au-delà de fin décembre. Selon l’organisme public OBR, le pays est pourtant sous la menace d’une récession historique avec une possible chute du PIB de 13% en 2020.

AFP/LQ